Ibrahim Maalouf – « Wind »

L’actualité Jazz de cette fin d’année se termine en fanfare (même s’il s’agit d’un album enregistré en quintet), avec le dernier né d’Ibrahim Maalouf, le bien nommé « Wind ».
Il aura donc fallu attendre son quatrième album pour entendre Ibrahim Maalouf s’illustrer sur disque dans un registre strictement Jazz. Après plus de 10 ans de carrière, tout autant remplie de collaborations avec des artistes divers (Sting, Delerm, M…) que de participations à des projets classiques, cette nouvelle sortie s’arrête sur une tendance note bleue, explorée de fond en comble durant tout l’album.
Car même si le musicien est un habitué de la scène et des techniques de Jazz, jamais il n’aura gravé une bande son aussi marquée. Le style, souvent fusion, qui régnait sur ses précédents albums a bien été abandonné au profit d’une oeuvre carrée en quintet. Et qu’on se le dise : sa musique n’a jamais aussi bien respiré. Finis les intermèdes métal ou les breaks balkans qui altéreraient souvent la beauté des thèmes (le titre magnifique « Beirut » déstructuré par des saturations). Maalouf a surement compris que l’éclectisme en musique, c’était aussi savoir explorer un style unique.
« Wind » est donc un projet ambitieux. D’emblée, l’album est dédicacé à Miles Davis, ce même Miles qui, en 1954 à Paris, improvisa, cigarette bloquée sous l’index, droit devant les images du film Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle. Il est donc question ici du même exercice stylistique, puisque le disque est une illustration du film La Proie du Vent de René Clair. Même si Ibrahim Maalouf n’improvise pas, il ne s’en dégage pas moins le spectre de l’album mythique de Miles Davis, notamment dans les thèmes entêtants de « Doubts » ou « Waiting ». Les attaques chaudes et fébriles du trompettiste rappellent aussi celles du Chet Baker des années 80 (période She Was Too Good To Me).
Mais l’hommage et l’inspiration de ses pairs n’enlèvent en rien à l’originalité et à l’unicité de l’œuvre. La pâte Maalouf est reconnaissable entre mille, notamment grâce à l’utilisation de la trompette microtonale dont le quatrième piston de l’instrument permet de jouer des quarts de ton, tonalités propres à la musique arabe (« Excitement »). L’album en devient alors résolument jazz oriental, teinté d’un classicisme époustouflant.
On ne peut être qu’ébahi par tant de ténacité et de cachet qu’apporte ce disque au Jazz contemporain : l’équilibre du quintet est remarquable et ne déborde jamais du cadre. Les démonstrations et tour de force souvent nauséabonds dans le jazz moderne font ici place à une cohésion stylistique vibrante. Toujours au diapason sur chaque thème, l’album est déjà sans conteste un classique instantané du jazz.
D.S.




































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