/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 20-09-21

Gabriel Afathi – « Heartfelt Lament »

De formation classique (violon et piano), Gabriel Afathi s’est progressivement intéressé aux synthétiseurs pour finalement y consacrer tout son art. Passé par la case publicité et cinéma, c’est sous son patronyme que le français se lance en solo et enregistre un premier EP en février 2020. Le résultat est « HeartFelt Lament » qui réussit à mixer jazz et pop dans un tout très abordable et audacieux. Enregistré avec l’aide de Fabrice Laureau (Herman Düne, Yann Tiersen, Dirty Three, Françoiz Breut..) ces 6 titres cultivent une approche cotonneuse et précise superbement maîtrisée.

Ce qui nous impressionne dès les premières note de cet EP, c’est l’agilité et la maîtrise avec laquelle Gabriel Afathi utilise son instrument fétiche : le piano. Dans une approche très jazz, le français construit une sorte de mausolée pop aux rondeurs addictives « Struggle ». Naviguant entre pop et expérimentation jazz classique, il nous entraine dans un univers élégant à l’instrumentation propre. Il y a un côté très crooner dans cette musique qui est percutée par l’approche pop d’un artiste capable de multiplier les prises de risques sans tomber dans le stéréotype de la musique d’ascenseur. 

Se jouant des époque, « Down By The River » s’expose dans une sobriété frissonnante. Piano voix, suffisent à nous emporter dans une composition à la mélodie qui nous terrasse. Avec une simplicité rare, le français nous livre un titre somptueux mélange de folk et de classique sobre. On se laisse prendre au jeu de cette « pop smoking » qui dessine rapidement une musique entêtante. Gabriel Afathi travaille la matière musicale par petite touche. S’amusant à mélanger son approche classique avec une instrumentation virant à la country grâce à des sonorités électrique enveloppante, le français dessine une musique à nulle autre pareil.

Maitrisant ses compositions avec un sens du délié, le français nous entraine dans des compositions à la classe impressionnante et à la sobriété sèche. Donnant à « However That May Be » une puissance simple dans la répétition, il démontre une nouvelle fois ses capacités de compositeur. Avec ce qu’il faut de tact, le français nous enivre de son talent qui progressivement multiplie les bonnes idées pour nous entrainer dans une pop expérimentale superbement travaillée. Il y a une sorte d’élégance froide dans ces différents titres qu’il réussit à construire dans une approche chaleureuse. Tout chez Gabriel Afathi semble couler de source, de sa voix très pop, il apporte à chacune de ses compositions une chaleur expressive addictive.

Terminant sur un live, ce premier EP de Gabriel Afathi est particulièrement réussit. Cultivant une sobriété très distinguée, il tire vers le haut un pop aux harmonies entêtantes. Avec un sens impressionnant de la construction, le français se révèle audacieux dans ses choix pour nous proposer une musique loin des sentiers battus. Avec un grand sens de l’écoute et de la construction, Gabriel Afathi nous propose 6 compositions  où la musique se joue des styles pour mieux nous entrainer dans une émotion pure. A l’aise aussi bien dans une approche très pop que dans une sorte de jazz piano, il dessine, sans jamais se perdre, des titres au sulfureux goût d’improvisation qui n’en finissent pas de nous mettre en joie. Tel un chat Gabriel Afathi retombe à chaque fois sur ses pattes.

Note : 8/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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