Il y a dans l’approche d’Ezechiel Pailhès une soif du changement et de la nouveauté. Sur son 4ème album solo, le français dessine une pop ronde et magnétique en forme de cocon pour des textes adaptés de 3 poétesses française peu connues. Dans sa bouche, les vers des siècles précédents prennent un coup de jeune. Le contraste entre ces mots d’un autre temps et cette musique à l’inventivité folle nous entraine dans l’univers atypique  du français qui nous sert encore une fois un album singulier aux harmonies pénétrantes. 

Dès les premières notes de ce nouvel album, Ezéchiel Pailhès nous transporte dans son univers à l’électro ronde et bienveillante qui vient envelopper une chanson française tout en douceur sur « Dors tu ? ». On retrouve sur « Mélopée » tout le talent du français concentré dans un titre à la mélancolie joyeuse. Colorée et harmonique le titre éponyme cultive une musique à la facilité toute relative. On se laisse emporter dans cette mélancolie. De sa voix posée, sans à-coups le français nous happe dans une composition qui prend sa source dans une variété française classique tout en lui apportant une modernité à la rondeur électronique.

Ezéchiel Pailhès chante l’amour sous toutes ses formes dans un mélange instrumental qui nous happe. Sur un background aux instruments éparpillés, le français construit sur « L’attente » une composition à l’unité parfaite. Ce tour de force est en grande partie dû aux effets vocaux qu’il met en place dans une sobriété élégante. Construit dans le même moule, chaque titre tire son épingle du jeu. Artiste mélodique par excellence, le français n’a pas son pareil pour nous proposer des mélopées qui n’en finissent plus de nous enivrer. Mélangeant les rythmes chaloupés caribéens et une électro fine et ronde sur « Elégie » , le français nous gratifie d’un résultat  au dessus des espérances. Avec son flow unique, Ezéchiel Pailhès cultive un art de la diction qui vient complémenter avec brio une mélodie concise et diablement efficace. 

Le français fait parti de ces rares artistes utilisant avec intelligence l’autotune. Dans une pop étincelante, il déroule sur «Ni toi , Ni moi »  une pop à la chanson française en héritage. Dépoussiérant une chanson française parfois un peu timorée, le français fait parfois fausse route sur « Regard en arrière » ou « La fille de la Nuit » mais ces quelques égarements n’entament en rien l’enthousiasme que l’on ressent à l’écoute de ces 11 titres. 

Dans un mélange aux mélodies qui s’entrecroisent, le français poursuit sa quête artistique dans une chanson française qu’il dépoussière de ses arrangements. On retrouve chez Ezéchiel Pailhès une force tranquille qui émerge doucement dans un flow qui saisit de sa perfection. On se laisse porter par cette musique qui nous berce. Avec délicatesse, le français s’applique à tresser une onde musicale qui ne nous lâche pas de tout l’album et nous entraine dans la prose de poétesses oubliées. Il y a dans ce « Mélopée » une culture du beau et du tranquille qui nous plait énormément. 

Nos coups de  :  MELOPEE, L’ATTENTE

Note : 8.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com