Duo en 2019 sur un premier EP intitulé « Concorde », Corde nous revient sous la forme d’un trio avec l’arrivée de Steve Peuvrel à la batterie qui vient accompagner Maxime Szczepanek et Jérôme Nîm Trachet. Dans un premier album éponyme en forme d’immersion marine, les lillois nous confient une musique à la sensibilité exquise et au tranchant vif. Construit autour du thème de la vie marine, cet album fait la part belle aux ambiances entre folk et électro. Combinant illustration sonore, violon et électro , le trio construit un album instrumental dense et puissant qui nous entraine dans une féérie grave et sublime. 

Aérien et rude le violon tient sur « Bunker » une place de choix. Travaillant une musicalité à la sobriété acoustique, les français nous entrainent dans les déliés d’une musique à l’émotion sous jacente. Dans un mélange de cordes acérées et d’électro brisé, les lillois construisent une folktronic excessivement vaporeuse qui semble s’effriter au fur et à mesure dans un concert de bonnes ondes. Puisant dans le folk, le rock et l’électro, Corde aborde l’instrumentation avec une simplicité folle. Dessinant des paysages abruptes et nuageux, ils n’ont pas leur pareil pour nous enivrer de leur vision qui nous plonge dans un tourbillon d’émotion « When the Night Come ».

 Dans une imagerie marine, les français nous donne cette impression de mer déchaînée, de peur maîtrisée la nuit arrivant « When The night Come », de rencontres sublimes, magiques et parfois effrayantes de beauté « The Whale », d’odeurs de port ou de jetée « Walking On the Sand ».  Produisant une musique unique, ils mélangent la folk et l’électronique pour un rendu qui nous plonge dans une sorte de vision nostalgique d’un futur proche. On découvre au travers de ces sonorités, un groupe capable d’invoquer aussi bien la faune marine que le mouvement des marées ou les tempêtes puissantes. Dans un tout très conceptuel, Corde met sa musique au service d’une aventure humaine. 

Dans chaque titre, l’électro et le folk tiennent part égale. Proche de l’expérimentation sur « Texel », les lillois travaillent leur musicalité pour un rendu à la tension toujours très forte . On se laisse envahir par cette musique intense qui esquisse avec ferveur la puissance acre et sublime du milieu marin. Les français nous impressionnent de leur capacité à nous embarquer dans leur histoire. A l’image de « The Whale »  ils construisent avec des notes et des sonorités très musicales le spectre d’une baleine que l’on voit progressivement arriver et nager autour de nous. On est bluffé par cet art qu’ils manient avec sensibilité et qui nous fait frissonner de sa pertinence.

Entre répits de courte durée et tempêtes sonores, Corde nous entraine dans une atmosphère marine avec un sens du détail qui nous bouscule. Travaillant avec ardeur une musique à la puissance tapageuse, les lillois domestiquent leur art avec un sens de la réalité qui nous fait frissonner.  Rappelant beaucoup la musique de Yann Tiersen, ils nous happent de leurs compositions aux accents graves et aux mélodies puissantes. Jouant sur le contraste d’une électro ronde et d’une acoustique osseuse, ils nous plongent dans leur univers atypique. Corde réussit à rendre sa musique liquide dans ses sonorités et dans sa construction.

Note : 8.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com