Deux ans après avoir collaboré avec Saule pour un album à la pop inventive, Charlie Winston nous revient au travers d’un nouvel opus intitulé « Curio City ». Glissant doucement vers une pop parfois un peu lisse, le Britannique nous sert 11 titres originaux dans l’air du temps manquant parfois d’audace.

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Celui que nous avions découvert avec sa folk chaleureuse de « Like a Hobo » apparaît loin de ce style qu’il maîtrisait à merveille. Ainsi la pop lisse et grandiloquente de « Wilderness » s’inscrit dans ce mouvement mondial et global d’une pop rythmée à la production léchée mais manquant cruellement de piment. Loin des bricolages musicaux du premier album, Charlie Winston convoque l’artillerie lourde pour des titres sans grande profondeur à la soul aseptisée « Truth ».

Pourtant on ne peut enlever au Britannique ce sens de la mélodie et de la construction bien pensée. C’est dans cette veine qu’il se dévoile sur un titre comme « Say Something ». Délaissant à notre plus grand soulagement cette musique de masse, il nous propose un titre doucement inventif, mélodiquement au point. Proche d’une chanson à l’américaine, il mixe avec élégance rythmique anglo saxonne et mélodie européenne.

Mais c’est sur « Fear and Love » que Charlie Winston semble le plus à l’aise. Voix proche de Damon Albarn, il se positionne en crooner variété dans une composition à l’inventivité soutenue. On découvre progressivement un Charlie Winston trouvant sa place dans cet univers qui ne lui est pas familier. Enchaînant « Too Long » et « A Light (Night) », l’Anglais met en place un univers de plus en plus noir et raffiné gardant sans cesse cette sombre mélancolie qu’il habille d’une électro feutrée.

Se cherchant un peu en début d’album, Charlie Winston nous propose un opus loin de ses premiers amours dans lequel il réussit à insuffler ce mélange de soul et de pop qui le caractérise. Album le plus urbain de sa discographie, « Curio City » a le mérite de sortir le Britannique de sa zone de confort. En résulte 11 titres à la pop travaillée mais manquant parfois d’une véritable personnalité.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com