/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 15-10-18

Charlie Winston – « Square 1 »

3 ans après un « Curio City » passé inaperçu et pitoyablement transparent en terme d’instrumentation, Charlie Winston nous revient plus conquérant que jamais sur ce nouvel opus à la pochette sobre et au design léché. Contrastant avec la pop aseptisée de son dernier album, la musique de l’américain semble cette fois ci revenir un peu plus aux sources de cette pop folk qu’il avait si bien su mettre en avant dans ses premiers albums. Sobre et ronde, la musique de ce « Square 1 » signe les retrouvailles avec un artiste qui progressivement s’était fait mangé par les sirènes du bien pensant commercial.

Charlie Winston - « Square 1 » : La chroniqueDans un premier titre haut en couleur « Spiral », l’Américain dessine une pop familiale naviguant entre joyeusetés mélodiques et rudesses instrumentales. Porté par une rythmique presque tribale, il nous entraîne dans une musique dansante avec entrain. Puissant dans ses compositions et poussant la voix comme rarement il l’avais fait, Charlie Winston semble se lancer dans une pop rock aux codes respectés et entêtants. Multipliant les cassures mélodiques tout en gardant une pêche intacte, Charlie Winston instille dans cette première composition ce qui a toujours fait le sel de son style à savoir des mélodies travaillées et faciles à intégrer, dansantes et chamarrées.

Gardant toujours ce côté un peu trop commercial sur ses premiers titres, Charlie Winston nous sert sur « Feeling Stop » ou « Photograph » une pop électro au beat réchauffé dans lequel son univers se perd dans une mélasse universelle et simplement à la mode. Musique de H&M voire de Zara, ces titres ne brillent pas par son originalité ni par sa créativité. Reprenant peu ou prou les canons du genre, il dessine de façon brouillonne une composition simpliste et pleine d’une électro pop banal et ennuyante. 

Attendue comme le Messie, « The Weekend » vient enfin relever le niveau et nous donne pour la première fois envie de se replonger dans cet univers pop folk qu’il sait si bien servir. Titre dansant et diablement entêtant, travaillant une rythmique tout en contretemps, il retrouve ses bonnes idées du début de sa carrière en combinant rythmique à la technique irréprochable, sobriété des arrangements et mélodies imparables. On retrouve enfin le Charlie Winston des débuts celui qui nous faisait danser sur « Like a Hobo ». Gardant ce fond commercial, on ne se refait pas, il réussit tout de même à coup de rythmique extraordinairement bien huilée et nous transporter dans un mix voix/instrumentation à la fois acidulé et douce.

Retrouvant une sobriété délicate sur la suite de l’album, Charlie Winston nous emporte finalement sur des titres humbles aux instrumentations nuancées contrastant avec ce début d’album. Guitare/voix sur un « Rendez-Vous » chaleureux, ou piano/voix sur le grave et tremblant (parfois à l’excès) « Airport », Charlie Winston donne à voir son côté obscur, cette facette moins lisse et tellement plus intéressante que cette pop de supermarché qu’il nous avait auparavant servi.

Dans des sonorités beaucoup plus sereines que le précédent album, Charlie Winston s’approche doucement d’une world music qui ne dit pas son nom. Celui dont le chapeau avait disparu des précédents opus, le retrouve pour un album en forme de retour aux sources partiel. Parfois brouillon en terme de diversité et de construction, l’album à le mérite de réhabiliter en quelque sorte un Charlie Winston qui s’était perdu dans une pop commerciale ennuyante et sucrée.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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