Batist & the 73′ – « Love Songs »
Homme de l’ombre sur nombre de projets, Baptiste Dosdat est connu pour ses collaborations avec la crème de la pop folk indépendante française. Ayant travaillé avec Cléa Vincent ou Baptiste W.Hamon, peu savent que ce français est aussi compositeur ayant à son actif 2 EP plutôt rock. C’est donc une surprise de le découvrir cette fois ci dans un exercice de folk dépouillée qui fonctionne à merveille. Signant sous le nom de Batist & the 73’ il nous propose un EP intitulé “Love Songs” qui donne à voir un artiste complet et entier extrêmement doué.
Avec un sens aiguë de la mélodie, il construit un premier titre tout en douceur « Dont Wanna Know » dans lequel l’instrumentation brille de mille feux tout en gardant une sorte de tendresse cotonneuse. On découvre un artiste puissant et fragile dessinant avec un soin particulier une sorte de comptine folk excessivement addictive. On plonge la tête la première dans cette musique gracieuse et étincelante qui voit guitares et Rhodes se répondre dans un tout extrêmement homogène. L’univers cocooning du français se déploie pleinement dans cette composition gracieuse et douce.
l y a une sorte de puissance sourde dans « Here We Are » où la violence semble transpirer d’une composition sobre. On se laisse prendre au jeu de cette tranquillité de façade qui progressivement semble investir l’extérieur. Dans une pop superbement travaillée, Batist & the 73’ se balade avec aisance sur une composition vaporeuse qui sans accoûts nous transporte dans un univers cotonneux. On est comme happé par cette mélodie douce qui sous des dehors très standards fini par nous manger tout cru. On retrouve dans cette composition la façon de faire des grands noms du folk que ce soit Kurt Vile ou Courtney Barnett. On y retrouve cette mélancolie sans fin, cette nonchalance de façade et cette esprit rêveur qui nous manque tellement dans ces périodes chamboulées.
En anglais dans le texte c’est une suite homogène et diablement séduisante que nous propose Batist & the 73’. Baigné dans une folk lumineuse cet EP nous donne à voir un artiste entier capable de dessiner avec simplicité une musique aux contours flous et envoûtants. Jouant avec tact de plusieurs styles, il réussit dans un 4 titres singulier à nous immerger avec délice dans un univers à la douceur lumineuse autant qu’à la violence feutrée. Car le français loin de nous servir une folk classique réussit à proposer sa vision d’une folk touche à tout qui fonctionne à merveille. Il creuse ainsi un sillon à la frontière de la pop, du folk et du rock tout en gardant une personnalité forte qui fait tout l’attrait de ces compositions.
Cet EP est l’occasion pour le français de se faire plaisir et de nous faire plaisir au travers de 4 titres au spectre large qui viennent nous envelopper de leur folk lumineuse. Batist & the 73’ a toujours cette mélodie juste, sorte de mélopée non intrusive qui semble flotter dans l’air. Car loin d’imposer sa vision au travers d’une débauche d’instruments ou d’approche musicales, le français joue la nuance avec un tact fou et nous renverse de sa fragilité dans un « Love Songs » lumineux et tendre qui n’en fini pas de nous transformer. Au travers d’une instrumentation faisant la part belle à la sobriété recherchée, il dessine des titres intemporels boosters par des Rhodes à la rondeurs rassurante. Il y a quelque chose de puissant et de doux dans cette musique qui multiplie les bonnes idées sans être démonstrative.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
/// COMMENTAIRES