Non le folk francophone n’est pas l’apanage des québécois, pour preuve ce jeune breton découvert aux Transmusicales de Rennes qui nous propose un premier EP au folk sobre et nuancé. AuDen, sensible et délicat, nous sert un album simple au folk revigorant et mélancolique.

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C’est avec « Azur Éther » que le breton ouvre le bal. Arrangements soignés, rythmique douce sans être insipide, AuDen nous propose un premier titre à la folk-pop feutrée. On se laisse rapidement bercer par cette structure tout en nuance réussissant à tirer un pont entre électro et folk sans en faire des tonnes ni nous écraser sous un empilement de couches instrumentales. Là réside toute la délicatesse et la patte du breton qui sur ce titre se fait de plus en plus fine au fur et à mesure de son avancée, se permettant un final riche musicalement, presque grandiloquent évoquant magnifiquement les paysages mouvants et sauvage d’une Bretagne battue par les vents.

Mais c’est dans une veine beaucoup plus sobre et chanson française que le français se révèle être un formidable conteur. De prime abord sur « Pour mieux s’unir » où coulant de source sur une mélodie très universelle et portante, il apparaît peut-être un peu simpliste nous emportant dans une rythmique lisse mais efficace très en vogue en ce moment popularisée par des artistes tels Mickael Miro avec un arrangement aux ficelles un peu visibles gâchant quelque peu le plaisir.

Mais on le découvre beaucoup plus mature sur « Les amours mortes » très Saez dans une ambiance lourde et écorchée sans être stéréotypée et poussée à outrance comme c’est malheureusement le cas chez le dijonnais. Le folk du jeune français s’épanouit pleinement dans cet écrin orchestral entre feu et glace réalisé en partie par Olivier Coursier du duo Aaron. Sans être à la marge ni dans l’excès, AuDen nous ouvre les porte de son univers entre douceur et énergie qu’il distille par petites touches dans un tout folk de très bonne facture.

C’est enfin sur « Des Rêves » qu’il termine de la plus belle des manières qui soit cet EP. Montant progressivement au travers d’un arrangement sur mesure mettant en avant l’univers grave et nuancé du jeune français, il nous sert un dernier titre au refrain lancinant et beau à tomber. Fin, feutré sans être gnagnan, il nous surprend par cette propension à proposer de véritables chansons françaises dans un écrin folk et léger d’une rare justesse.

Titres feutrés à l’arrangement étudié et juste, AuDen se confond en délicatesse sur ce premier EP qui nous emporte de suite dans son univers qui a défaut d’être original surprend par ces mélodies à la mélancolie douce et cette voix apaisée qu’il distille sur chacun de ses titres. Loin de l’image coulante et mielleuse qui colle au folk francophone, AuDen prouve qu’il est possible de réaliser de très belles compositions dans ce style si répandu.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com