Il est des signes qui ne trompent pas. Ainsi, lorsque que Peter von Poehl se lance dans la production on peut s’attendre à la découverte de pépites. C’est exactement ce qu’il se passe avec Martinguerre. Au travers d’une pop-folk extrêmement addictive, le Français nous sert un EP lumineux et étrangement envoûtant dans lequel on retrouve un mélange de spontanéité et de sonorités très étudiées.

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Dès « Winter House » on plonge tête la première dans cette folk mâtinée de pop légère. Résolument  proche d’une folktronic rappelant peu ou prou Other Lives, le Français nous emporte dans un monde aux réverbérations très présentes et aux sonorités rondes. Palpitant d’une musique sobre et envoûtante, ce premier titre nous transporte vite au travers d’une folk aux accents sombres. Mélangeant voix douce et background lourd, Martinguerre parvient à nous envelopper de ses compositions sourdes et éclatantes.

Travaillant une frontière fine entre folk travaillée et pop joyeuse, il nous emmène dans des paysages à la lisière des zones urbaines, cet endroit hors du temps ou la ville se termine et la campagne prend ses aises. Puissant tout en gardant ce brillant qui ne le quitte jamais, la musique de ce « Mount Joie » apporte une plénitude folk ainsi qu’un dynamisme pop très addictif. Creusant ses compositions pour mieux nous inonder de sonorités rondes et cohérentes, il réussit pleinement son pari.

Les titres s’enchaînent comme autant de bonnes idées. « From The Shadows », « Little Shade » ou « Northern Man », les morceaux se font progressivement de plus en plus pop. On retrouve dans cette musique la folk de Radical Face sans tout le côté mélodramatique et grandiloquent. Non, ici la musique se fait discrète et fine. N’écrasant jamais un folk toujours très présent, Martinguerre donne à ses compositions une aura lumineuse et brillante qui nous emporte dans un tourbillon doux et caressant de sonorités toutes plus rondes les unes que les autres.

Autour de pièce courtes, Martinguerre dessine une musique chaleureuse et consistante qui se déploie dans un univers où la mélancolie et la fragilité n’est jamais très loin. Travaillant un folk profond et une pop dynamique, le Français parvient à mêler les deux dans des compositions lumineuses aux sonorités brillantes. Sans jamais tomber dans un piège commercial, il impressionne de sa modération affichée qui dans ce monde d’extrême fait un bien fou.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com