/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 19-01-17

Veik – « From Madness to Nomadness »

Il y a d’abord ce nom, tout en sobriété mais tranchant avec les noms de groupes actuels, et puis bien sûr ce son. Originaire de Caen, le trio se débat pour nous faire écouter une musique proche du Krautrock où toutes les expérimentations électro sont bonnes à prendre surtout quand on a leur talent. Intitulé « From Madness to Nomadness » cet EP est une pépite.

Veik – « From Madness to Nomadness » : La chroniqueÇa commence comme une mise au point. Lançant avec force un gimmick répétitif et granuleux, les français nous proposent sur ce premier titre une approche sobre et efficace d’un rock oscillant entre pop et punk. Le décor est posé. Voix perdues dans un tumulte de batterie et de guitare, ce « Sick & Tired » apparaît pleinement emprunt d’une vitalité folle.

Chez Veik, l’expérimentation n’est jamais très loin. Les Francais possèdent, Dieu merci!, cette insolence, cette liberté de ton qui fait un bien fou et apparaît de plus en plus rare. Loin de se caler dans les canons du genre, ils puisent leur inspiration aussi bien dans le punk rock actuel que dans la pop psychédélique des années 70 ou le Krautrock de la fin des années 60. S’amusant des répétitions et usant jusqu’à la corde des sonorités grinçantes, ils vont au fond de leur approche sans se prendre une seule fois la tête.

Plus l’EP avance et plus les sonorités se font précises et expérimentales. On entre ici dans un monde parallèle fait d’un mélange de sons et de rythmes qui dessinent une atmosphère parfois inquiétante. Veik impressionne de son approche si tranchée notamment sur « Free Rein », peut être le titre le plus exaltant de la sélection, en se positionnant en créateur de sons, en chantre d’une expérimentation pop et rock dure.

Avec ce « From Madness to Nomadness », le trio dessine une musique Krautrock entre monotonie exaltante et puissance saturée dans laquelle on plonge la tête la première. Le résultat est à la hauteur des espérances, puissante, libre et spontanée tout en gardant ce soupçon de calcul instrumental. Les instruments entrent en collision pour un tremblement de terre musical qui réussit grandement à faire bouger les lignes du rock et de la pop. Piquante et robotique, la musique de Veik fait se confronter la violence des machines et la puissance humaine dans un tout extrêmement grinçant dont il est difficile de s’extraire.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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