Abonné aux pochettes moches, Thee Oh Sees, ne déroge pas à la tradition et nous présente son dernier né « Mutilator Defeated At Last ». Toujours aussi énergique, les Américains nous proposent 9 titres condensant un rock garage sans concession. Mixant avec beaucoup de finesse grunge, punk, rock et pop, ils réussissent à insuffler une véritable grâce à des sonorités grasses et brutales.

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Musique bassue et granuleuse, guitares sur-saturées et criardes, ce n’est clairement pas la finesse qui semble à première vue étouffer « Web », premier titre de cet opus. Thee Oh Sees semble une nouvelle fois assoiffée d’un rock crados torturant des sonorités grasses qu’ils maîtrisent à merveille. Pourtant, progressivement, l’oreille s’habitue et l’on dénote ça et là quelques finesses, une certaine volonté de proposer quelque chose de nouveau.

Sans jamais renoncer à ce rock puissant mélange de punk et de grunge, les Américains se plaisent à le saupoudrer d’une harmonie pop. Psychédélique sur un dynamisant « Whitered Hand », ils nous proposent des morceaux aux durées anormalement longues qui dérivent vers une sorte de rock expérimental très 70’s. Utilisant des motifs musicaux très addictifs, ils nous surprennent de leur musicalité.

Fins et nuancés, ils travestissent une musique longtemps signe de neurones au repos. Gardant pleinement cette énergie, ils réussissent à calquer sur des morceaux puissants des constructions pop et travaillées. Ils rendent ainsi sur « Lupine Ossuary » ou « Sticky Hulks » un bel hommage à ce rock des années 70 où la guitare reine imposait pleinement son aura sur des titres longs à la spontanéité contagieuse.

Toujours à la recherche d’une spécificité rock qui puisse mettre en valeur un travail de longue haleine, les Américains ne s’interdisent pas sur des titres comme « Poor Queen » ou « Turned Out Light » une virée vers un rock plus conventionnel dansant et baigné dans une atmosphère de sueur. De la même façon, ils nous surprennent sur un « Holy Smoke », acoustique et brutal qui donne une couleur très chaude à l’ensemble de cet album.

Gardant pleinement leur énergie sur un album dense, mélangeant grunge et punk, Thee Oh Sees nous balance des titres tout en saturation s’épanouissant dans une sorte d’épure musicale dont on ne se lasse pas. Ils creusent ainsi avec ce « Mutilator Defeated At Last » cette veine rock sale pour ne garder que la partie la plus noble. Faisant s’entrechoquer concept et rock granuleux, ils nous proposent une musique unique aux mélodies tranchantes agrémentées de guitares hurlantes s’épanouissant dans un écrin à la pop ronde et douce.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com