The National – « Trouble Will Find Me »

Il ne faut pas se fier à la première impression, tel pourrait être le résumé du nouvel album de The National. Sous des dehors assez classiques pour le quintet américain, ce « Trouble will find me » est typiquement le genre d’album qui se révèle au fur et à mesure des écoutes.
A première vue, pas de grand changement dans le style du groupe. On est dans la continuité de « High Violet » paru en 2010, à savoir un univers assez sombre où la voix de baryton de Matt Berninger surnage d’arrangements souvent sophistiqués. Mais The National semble vouloir aller encore plus loin avec « Trouble will find me » : c’est sûrement l’album le plus mélancolique de la discographie du groupe, un balancement permanent entre fragilité et tension.
Chacun de ces 13 titres prend le temps de poser une ambiance gorgée de longues reverbs, cordes et guitares peaufinées à l’extrême. Comme dans une pièce peu éclairée, nos oreilles mettent un peu de temps à s’habituer à la semi-pénombre environnante. Mais une fois dedans, le résultat est impressionnant: que ce soit «Fireproof» et son bel arpège de guitare, « This is the last time » et sa lente progression jusqu’à une fin aérienne ou encore l’intimiste « Slipped », The National s’y connaît quand il s’agit de nous prendre aux tripes.
Bien sûr cet album est à déconseiller aux personnes à tendance dépressive sous peine d’y rester, mais pour les autres, il mérite d’être découvert même s’il nécessite une oreille attentive pour mieux en percevoir les énormes qualités. Quoiqu’il en soit, on ne peut rester insensible à la voix grave et profonde de Matt Berninger : il suffit d’écouter «Sea of Love» ou encore la superbe ballade « Pink Rabbits » pour en être convaincu. Pourtant Berninger se permet quelques écarts réussis comme «Heavenfaced» où il monte dans les aïgus et apporte un brin de lumière à cette ambiance tamisée.
« Trouble will find me » reste dans un registre plutôt posé, mais certains titres déroge à cette règle. Le groupe affectionne particulièrement les longues montées en puissance hypnotique et efficace comme sur « Humiliation », « This is the last time », et surtout « Graceless », moment de bravoure qui deviendra sûrement un incontournable des setlists.
Avec « Trouble will find me », The National nous livre un album sombre, mélancolique et pas forcément évident au premier abord, mais qui devient lentement addictif. De très bon album, il se transforme doucement en superbe réussite quand on prend le temps de s’y plonger, distillant un lyrisme sombre porté par des arrangements millimétrés à la beauté envoutante.
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com




































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