Louis Bertignac quitte Jacques Higelin pour former Téléphone
Louis Bertignac naît à Oran, en Algérie, le 23 février 1954.
Trois ans plus tard, la famille rentre à Paris à cause du climat d’insurrection qui règne en Afrique du Nord. Louis et sa petite sœur grandissent dans le XIIe arrondissement ; papa travaille dans une exploitation de machines à sous, de flippers et de juke- box.
« Mon père a fait plein de jobs supers. Il a importé des trucs du Japon, des talkie-walkie, des baladeurs cassettes. Quand j’arrivais en classe avec ça, c’était la classe. » (France 2, 2005)
A l’époque, le petit Louis ne se prédispose pas encore à une carrière musicale. Il veut être médecin ou travailler dans un laboratoire parce qu’il ne supporte pas les maladies incurables.
Les premières notes de Téléphone au lycée Carnot
A treize ans, il entre au lycée Carnot, le lycée que fréquente un certain Jean-Louis Aubert. Bertignac est un élève brillant, il s’illustre aussi au foot et commence enfin à s’intéresser à la musique en prenant des cours de guitare, boulevard Malesherbes.
« J’ai pris six mois de cours, mais ça ne m’a rien appris. Au bout de 6 mois, je ne savais jouer qu’une demi-chanson donc j’en ai eu marre. J’ai arrêté. » (lachaineguitare.com, mai 2009)
Son vrai déclic musical, c’est en fumant ses premiers joints dans sa chambre sur les disques des Stones, de Led Zepellin ou des Beatles.
« J’ai appris à jouer de la guitare en jouant par-dessus les disques, donc je me confrontais à des bêtes. J’étais un peu ridicule, mais en fermant les yeux, au bout de quelques mois, j’avais l’impression qu’ils m’appréciaient. J’avais l’impression que Jagger se tournait vers moi et qu’il me disait ‘’Yes, yes, it’s good’’. » (lachaineguitare.com, mai 2009)
La passion est là. Et le talent ne tarde pas à suivre. A 16 ans, il monte un premier groupe avec Jean-Louis Aubert et Richard Kolinka. Le trio joue dans les booms et les rallyes étudiants.
« Je connaissais déjà bien Jean-Louis avec qui on jouait régulièrement ensemble. J’ai rencontré Richard Kolinka dans une soirée. C’était déjà un excellent batteur. J’ai parlé de lui à Jean-Louis et on s’est retrouvés à répéter du côté de Mâcon. J’ai vite levé le pied car j’étais à fond dans le rock et je trouvais notre répertoire trop jazzy. C’était à l’avant-veille de mon aventure avec Higelin. Quelques mois plus tard, j’étais devenu aux yeux des autres le mec qui avait une ‘’situation’’ dans la musique parce qu’il montait sur scène et que des gens payaient leur place. » (Music view, 2004)
Sur scène avec Jacques Higelin
En 1973, l’actrice Valérie Lagrange présente Louis Bertignac à Jacques Higelin.
« Elle m’avait emmené voir Higelin en répétition à l’Olympia. Nous sommes arrivés au moment où il se prenait la tête avec Simon Boissezon, son compositeur et guitariste. Celui-ci est parti avec sa guitare à la main. Un grand froid s’est installé et nous en avons profité pour saluer tout le monde. J’ai sympathisé avec un autre guitariste ‘’Elle est bien ta guitare’’ … ‘’Oui, essaye- la si tu veux’’. J’ai joué en donnant tout ce que je pouvais et trois minutes plus tard, Higelin est venu me demander si je voulais bien intégrer sa formation. J’ai couru chez mes parents chercher ma guitare et me suis investi comme si ma vie était en jeu. » (Music View, 2004)
Avec Higelin, Louis Bertignac fait une tournée et participe à l’enregistrement de « Irradié », l’album phare dans la carrière du chanteur.
« Je jouais avec lui sur scène. Il était parfois irascible et jetait son micro par terre avant de partir. Je prenais alors le lead, j’embrayais sur un titre des Rolling Stones, le public dansait immédiatement. Juste pour ça, j’ai eu envie de faire un groupe de rock. » (Le monde 05/02/05)
Le retour vers les potes
Louis Bertignac reste fidèle à Jacques Higelin pendant un an, puis décide de voler de ses propres ailes. Il forme le groupe Shakin’Street avec Eric Levy et son amie Corine Marienneau.
« J’avais rencontré Corine Marienneau qui était alors danseuse. Je l’avais trouvé mignonne et je l’avais branchée en lui demandant de venir me voir jouer. J’ai ensuite conclu avec elle, et je lui ai appris à jouer de la basse pour m’accompagner. L’affaire marchait pas mal et j’ai ressenti à ce moment-là qu’il y avait un public et une attente rock en France. » (Music View, 2004)
Louis et Corine d’un côté, Jean-Louis et Richard de l’autre, jusqu’au jour où toute la clique décide de jouer ensemble. Ce sont les débuts de Téléphone.
« Nous avons donné notre premier concert le 12 novembre 1976 au centre américain du boulevard Raspail, à Paris, parce que le batteur Richard Kolinka avait loué la salle pour son groupe, Semolina, éclaté entre-temps. Cela a été flagrant tout de suite, les gens dansaient, pleuraient. » (Le Monde 05/02/05)
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