Premier album pour Savages, « Silence Yourself » voit l’arrivée de 4 filles britanniques qui n’ont pas leurs langues dans leurs poches. Brutale, complète et viscérale, leur musique n’en demeure pas moins nuancée et à l’esthétique noir brillant.

C’est au travers d’un « Shut up » lourd et nu en terme d’orchestration que s’ouvre cet opus. Savages nous ouvre grand son univers noir clinquant et esthétique où la réverbération des guitares n’a d’égale que la puissante voix lead tranchante et impactante. Rappelant furtivement les fulgurances de Gossip sur ce titre, les anglaises nous offrent un démarrage sur les chapeaux de roue.

Alternant dans chacun de leur titres des parties aux couplet lourds, rythmiques grâce à l’utilisation exclusive de toms, Savages semble exploser le son de ses guitares dans des refrains sous amphétamines, criards et diablement efficaces. Ainsi sur « I am here » le son tranchant et découpant des guitares vient en appui à une voix lumineuse à la mélodie qui a tout d’un tube que l’on écoute en boucle sans se lasser.

Brutale mais recherchée, la musique des anglaises semble naviguer entre rock complet et esthétique mélodique que l’on retrouve clairement sur « City’s full » où une pause presque lyrique permet au morceau de respirer.

Possédant une réelle approche artistique de chacune de leur introduction, Savages réussit à mettre en place une atmosphère noire homogène entre froid industriel et puissance métallique. C’est ainsi que même certains titre un peu plus en deçà tels « Waiting for a sign » ou  » Strife » restent tout de même dans un tout cohérent bien qu’on y ressente un rock plus américain lourd et sans nuance. De la même façon, « Dead Nature » s’intègre parfaitement dans cette ambiance en lorgnant du côté expérimental d’un rock concept et exigeant. Très intéressant.

Le reste de l’album, évoluant entre titres énergiques et lyriques, semble se rapprocher de plus en plus d’un punk brutal et pêchu. Preuve en est avec « Hit me » où les guitares s’aiguisent au contact de plus en plus violent de la voix.

Seul moment de quiétude, la balade de fin « Marshall Dear » rappelant que Savages sait aussi s’adoucir pour nous livrer des titres de la trempe de Bat For Lashes.

Ça crie, ça tape bref c’est clairement rock. Avec ce « Silence Yourself », Savages met de suite la barre très haut en nous livrant un album entier, concept certaines fois mais surtout sans concession aucune. Tranchant et impressionnant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com