Robin des Bois – « Robin des Bois »

Envisager une adaptation musicale du mythique « Robin des Bois » de Walt Disney, le challenge était de taille et même Dove Attia ne s’y était jamais frotté. Pour succéder à Douglas Fairbanks, Kevin Costner ou encore Russell Crowe, c’est en toute logique M. Pokora qui s’y colle. Matthieu Tota a décidément le vent en poupe puisque il vient tout juste de terminer son « A la recherche du bonheur tour », et pour nous, le bonheur, il se rencontre dès les premières mesures.
Ce qui saute aux oreilles, c’est un parti-pris musical osé mais gagnant. « Robin des Bois : ne renoncez jamais » se joue des poncifs éculés de la comédie musicale pour voguer avec une aisance déconcertante entre les styles musicaux. « A nous » est une véritable pépite pop/rock qui évoque le meilleur du chanteur Grégoire. « La flèche ou la cible » est une reprise à peine voilée du « Paradise » de Coldplay. A la place de Chris Martin on trouve Stéphanie Bedard qui, excusez du peu, à été au 2ème tour de « The Voice » en 2011. « Lui qui sait qui je suis » est un hymne à rendre jaloux l’electro-symphonique de Woodkid, l’Orchestre Nationale de France étant ici remplacé par par un synthétiseur.
Pop, rock, electro et même reggae, Robin des bois se permet toutes les folies. Sur « Un monde à changer », on pense bien sûr à Yannick Noah, le Bob Marley français, mais surtout à Simba et son ami phacochère dans « Le Roi Lion ». Autre hommage à la BO d’Elton John, « Devenir quelqu’un », remake de « Je voudrais déjà être roi » où la forêt de Sherwood remplace la savane dans laquelle M. Pokora rugit tel un lionceau alsacien.
Donc du fun et du ludique, mais aussi des titres plus sombres, comme « Tes blessures ». Le titre hésite entre l’electro orchestrale de Portishead sur « Roseland NYC » et le piano minimaliste et mécanique d’un Mickaël Miro Unplugged. « Si l’amour existe » revient aux fondamentaux avec une jolie balade à la mélodie irlandaise échappée de « Rebelle » des studios Pixar. La douce voix de M. Pokora est agréablement doublée par ce bel instrument qu’est la flûte à bec. Un moment magique.
Les références à la chanson française ne sont pas en reste. « A nous » mixe « Je serai ta meilleure amie » de Lorie sur la mélodie de « Les brunes comptent pas pour des prunes » avec un arrangement de bourrée auvergnate. « Un mélange aussi étonnant que détonnant! » dixit le magazine culturel Okapi.
Comme le dit si bien Laurent Voulzy, « on a tous dans le coeur une sortie de CM2 au Puy du Fou ». Vous l’aurez compris, l’album est saupoudré d’un soupçon de musique traditionnelle et moyenâgeuse. Un mélange de Tri Yann et de Nolwenn Leroy qui n’est pas sans rappeler les fameux Wazoo et leur fabuleuse « Manivelle ». Dès le titre d’ouverture « Le jour qui se rêve » (phrase extraite d’un spectacle de Raymond Devos de 1948) les images viennent d’elles-même. On imagine tout ce petit monde dansant autour d’un grand feu, tel des hobbits encore insouciant des dangers du méchant Mordor, buvant la salsepareille au tonneau en se gavant de brochettes de chamallows.
Comme dans toutes les grande tragédies, tant de bonheur ne peut pas durer. Adrien, fils de Robin des bois, est amoureux de Bédélia, fille du méchant shérif de Nottingham (le gros loup pas très malin). Amour impossible, le bien contre le mal, riches contre pauvres… Autant de sujets novateurs évoqués avec brio dans les textes ciselés de Lionel Florence. Comme à son habitude, il n’hésite pas à faire saigner sa plume rebelle sur des titres comme « Laissez nous vivre » ou « Un monde à changer » que n’aurait pas renié Bertrand Cantat. On est bien loin des clichés de « Tant qu’on rêve encore » du « Roi Soleil », ou de « Il reste encore l’amour » dans « Adam et Eve » de Pascal Obispo.
Ce Robin des bois est donc une sorte de « West Side Story » à la française. Leonard Bernstein est remplacé par le duo Frédéric Château/Antoine Angeletti. Le premier est un grand compositeur de la nouvelle scène française (Zenatti, Segara, Lorie, Pokora…). Le second a écrit pour Indra ou Les Forbans, réalisé le tube « Y’a pas que les grands qui rêvent » et est l’auteur de 5 albums remix de Dalida. On a vu pire comme CV!
Cet album aux allures de conte de fée parvient à raviver la flamme enfouie dans nos coeurs d’enfants tout en soulevant des problématiques très contemporaines comme le mariage homosexuel (Frère Tuck et Petit Jean) ou la soif du pouvoir. Ainsi, le venimeux « Notting Hill Nottingham » est une critique acerbe de certains dirigeants politiques et ex-présidents… (« Qui pourrait m’arrêter? Personne pour me juger »).
« Robin des bois : ne renoncez jamais » est donc une oeuvre dense, sombre et complexe et à plusieurs niveaux de lecture. Musicalement très riche, gageons que l’aspect visuel de l’oeuvre ne fera que renforcer cette impression. On à hâte de voir M. Pokora et sa troupe virevolter en collant entre les arbres en plastique du Palais des Congrès de Paris. Vivement septembre.
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com




































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