/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 09-06-19

Psychedelic Porn Crumpets – « And Now For The Whatchamacallit »

Originaire de Perth en Australie, Psychedelic Porn Crumpets était au départ le projet d’un seul homme Jack McEwan qui au fil des rencontres s’est transformé en un quatuor au rock psychédélique. Après 2 albums, les australiens sont de retours plus barrés que jamais pour un 3ème opus intitulé sobrement « And Now For The Whatchamacallit » aux déliés excessivement rock dérivant parfois vers l’opéra rock. Pochette surréaliste, sonorités sales et délétères, rock déconstruit au possible, l’univers des australiens jette un pavé dans la mare éclaboussant un rock bien pensant pour n’en ressortir qu’une approche viscérale.

Psychedelic Porn Crumpets - "And Now For The Whatchamacallit" : La chronique

Il y a quelque chose de l’ordre du sale gosse dans cette musique multipliant les pieds de nez pop au travers d’un rock délibérément grunge. Dans un mélange de garage rock aux guitares criardes et de glam rock aux voix pleine d’une réverbération suraiguë la musique des australiens ne passe pas inaperçue. Dégainant avec un sens du spectacle certain sur « Keens for Kicks Ons » une pop rock extrêmement bien balancée les australiens nous transportent dans une ambiance à la fois bordélique et saturée donnant la patate. On se laisse emporter dans cette musique à la limite du psychédélisme mélangeant l’approche 70’s d’un rock sous ecstasy et grunge ouvrier.

C’est sur « Bill’s Mandolin » que les australiens prennent vraiment leur pleine puissance.  Avec un sens du rythme et de l’interjection rock ils nous proposent une sorte de prose rock où les cris viennent caresser une composition superbement travaillée. Dans un grunge entraînant, à la limite parfois de l’opéra rock, Psychedelic Porn Crumpets mixe avec bonheur les styles pour mieux créer le leur. On a cette impression de naviguer entre le psychédélisme pop des Beatles et l’outrance vulgaire d’une séance d’un Rocky Horror Picture Show. Sans jamais tomber dans une surenchère ennuyante les australiens multiplient les bonnes idées pour mieux nous tenir en haleine dans des morceaux tranchants et syncopés.

De plus en plus psychédélique au fur et à mesure de l’avancée de l’album, ils reprennent à leur sauce les vocalises des Beatles en nous promenant dans une campagne pleine d’ecstasy sur un « Native Tongue » aux motifs récurrents et parfois dissonant qui de suite fonctionne à merveille. Avec un sens aiguë de la composition ils se posent en chantre d’une musique à la pop rock psychédélique loin des sentiers battus n’hésitant pas à y introduire une véritable âme. Loin de prophétiser un nouveau genre musical les australiens utilisent à bon escient une thématique sonore mainte fois copiée pour en faire leur approche avec brio.

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, les australiens produisent sur « Social Candy » des sonorités rappelant beaucoup les débuts addictifs de Tame Impala. Avec une audace folle, ils produisent une musique pleine de rebondissement capable de multiplier les bonne idées pop tout en gardant une folie rock et un psychédélisme fort. Extrêmement fouillée la musique de Psychedelic Porn Crumpets nous tourne en tête sans discontinuer avec force. Dans une sorte de bouillon rock ils transforment une sorte de bazar rock en un hymne à la liberté pop et rock. Multipliant parfois les audaces sonores, les australiens font s’entrechoquer les paillettes et le noir cotonneux dans des compositions complètement barrées qui fonctionne  merveille et dans lesquelles on se perd sans retenue aucune. 

Difficile à catégoriser, Psychedelic Porn Crumpets se sert de samples, de riffs au rock granuleux et d’une pop souvent brillante pour mieux faire passer son univers atypique. On est soufflé par la force du quatuor qui en un rien de temps découpe tout ce qui s’est fait en rock orchestral depuis quelques années pour refondre le tout dans une musique unique et diablement addictive. Chez les australiens pas de barrières mentales. Tout semble possible et les sonorités ne cessent de nous voler aux oreilles pour mieux nous entraîner dans une sorte de toboggan émotif où le rock garage côtoie une pop brillante ou un glam étrangement délétère. Comment ne pas être ravi par ces jeunes capable de retourner la table rock à grand coup de guitares ubuesques et de compositions aux constructions fantasques mais toujours superbement exécutées.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production