/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-09-13

Misteur Valaire – « Bellevue »

Difficile de trouver un équivalent français aux cinq québécois surdoués de Misteur Valaire. Et le nouvel album « Bellevue » ne fait qu’enfoncer le clou de leur electro-rock-jazzy inimitable : un son énorme, une pêche incroyable et des arrangements léchés interprétés de manière décontractée, ça c’est la classe.

« Golden Bombay » nous avait déjà épaté par son énergie communicative. « Bellevue » creuse ce sillon sympa tout en préservant un aspect plus planant que l’on retrouve au détour de certains titres. Si l’on devait résumer rapidement ce nouvel album, il suffirait d’écouter les deux derniers titres, grand écart impressionnant et réussi qui résume à lui seul Misteur Valaire.

Avec « El Kid », on part dans un univers très cinématographique, hésitant entre générique d’une série des années 80 et grosse production hollywoodienne. Un gros son, des choeurs féminins aériens, avec pour résultat un thème émouvant, impeccable et entêtant. L’autre versant tout aussi réussi, c’est « Banana Land ». On part loin, avec des sonorités hawaïennes légères et ensoleillées où les steel drums sont de sortis. Solo de trompette et mouettes : le contraste avec le morceau précédent est saisissant, mais aucun n’est meilleur que l’autre et le groupe passe d’un genre à l’autre sans jamais nous perdre, avec toujours en leitmotiv des thèmes funs savamment déroulés dans des arrangements riches et ciselés. Et les autres titres de l’album né dérogent pas à cette règle.

Que ce soit sur le single « Don’t get là » ou « Life gets brutal » , le gros son est là, omniprésent. Boîte à rythme, nappes de synthé et basses analogiques remplissent l’espace, quitte parfois à fatiguer l’oreille. Mais Misteur Valaire mêle avec astuce ces sonorités électroniques avec des samples et des instruments acoustiques tout en jouant habilement sur les ruptures de rythme. Ca donne l’excellent « La nature à son meilleur », morceau d’électro déjanté, qui se termine en piano solo au coin du feu.

Même constat avec « Space Food ». Une belle rythmique un brin tribale, du vocoder et surtout ce riff de cuivres parfait, chaud et appuyé de nappes synthétiques. Le petit passage hip-hop là où il faut et une fin sombre et planante : du pur Misteur Valaire où se mêle pop, électro, hip-hop et jazz, toujours finement arrangé et mélodique.

Paradoxalement, ce « Bellevue » donne l’impression de partir dans tous les sens, mais d’une manière cohérente. Les québécois versent dans le faussement « n’importe quoi » ultra-maîtrisé, léché et jouissif pour l’auditeur. Bien que dans un style très différent, on hésite entre le bordel organisé de leurs collègues des Cowboys Fringants et surtout la classe internationale et la dextérité d’un Chilly Gonzales. Mais qu’importe les références, Misteur Valaire a un style et un son inimitable qui tourne à la perfection. Ne changez rien les gars.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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