/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 01-10-21

Low – « Hey What » – La Chronique

A lui seul le groupe Low est déjà un OVNI. Fondé en 1993 autour du couple Alan Sparhawk et Mimi Parker, les américains ont connus plusieurs formations incluant basse et batterie mais c’est en duo pour la première fois depuis les débuts du groupe qu’ils se présentent sur ce nouvel album intitulé « Hey What. » Jouant beaucoup avec les éléments saturés, le duo n’en finit pas nous surprendre sur un 13ème album à l’audace folle. Multipliant les mélanges folk, rock et électro dans un tout inventif, Low dessine une musique transpirant le rock à l’état brut qui nous foudroie de sa violence. 

Avec Low la folie n’est jamais loin. On peut s’en rendre compte dans ce premier titre intitulé « White Horses ». En effet dans un magma rock électro, les américains produisent un son sans aucune concession qui nous galvanise de sa puissance. Dans un déluge de saturation, ils nous impressionnent de leur parti pris et de leur inventivité pour produire un titre hors norme. Mélangeant mélodies country pop et background au lo-fi saturé, ils dynamitent leurs musique à grand coup de barre à mine et d’expérimentation folle. Se permettant toutes les audaces, les américains construisent une sorte de musique à l’expérimentation surprenante et envoutante. 

S’enchainant comme une seule piste, les titres n’en finissent plus de nous donner le tournis. On a cette impression de naviguer dans une sorte de morceau complexe et tonitruant qui nous emporte de vague en vague avec une puissance rare. La voix des américains se marient à merveille et viennent toucher du doigt une perfection mélodique sur « All Night » à la pop sous jacente. On adore de suite cette façon qu’ils ont de restructurer un rock à l’électro grinçante. On se perd dans ces dédales où les guitares sont hachées menues par une sur saturation à l’élégance folle. Divagant dans une sorte de background rock, les américains nous mettent la tête la première dans une soupe rock extrêmement étudiée qui nous entraine dans les bas fond d’une musique entêtante. 

Maîtrisant pleinement une sorte de désagrégation rock sur le magnifique « Disappearing », les américains nous entrainent dans des titres à  l’instrumentation industrielle sombre et envoutante. Tout n’est qu’expérimentation dans l’instrumentation de Low. Cultivant une sorte de power pop lo-fi ils transcrivent avec une brutalité rare un environment où la noirceur ne fait qu’empirer. Ce nouvel album de Low vise dans le mille une fois de plus en transformant leur art sonore en une sorte de plongée rustre dans un magma pollué et vicié. Il y a chez les américains cette capacité à transcender un folk qu’ils électrisent avec un sens aiguë de l’approche rock et expérimental. On se laisse prendre au jeu de « Days Like These » tout en délicatesse à la mélodie forte et enveloppante qui explose dans une instrumentation à la sursaturation démente. Les américains jouent dans un univers saturé avec un plaisir immense et donne à cet écrêtage une part entière dans leurs oeuvres.

On ressort bouche bée de cet album à la signature unique qui ne se laisse jamais allez à une mode quelconque. Low construit un style qui lui est propre et réussit à nous faire sombrer avec lui. Dans une noirceur qui nous fait frissonner ils nous proposent une sorte de beau universel qui nous surprend par sa brutalité et son engagement.  Dans une sobriété radicale, les américains nous proposent un opus en forme de monolithe dense et granuleux. Ils esquissent des compositions au planant écorché, à la quiétude fébrile. Album hors norme s’il en est, véritable chef d’oeuvre, ce « Hey What » restera comme un opus tranchant et bluffant de son audace.

Note : 9/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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