Il faut croire que le Niger est depuis longtemps une terre propîce au talent musical. En effet, à travers Ayo, Keziah Jones et autre Asa ce grand pays n’a pas à rougir de ces artistes ayant percé en france. Il faudra maintenant compter sur Kesiena qui sort en Février son premier album entre pop africaine rythmes européens.

Découvrant le rock en arrivant à 13 ans en France, Kesiena a su rapidement s’en approprier les codes. A la manière d’une éponge, il a su se gorger de cette influence en y ajoutant son grain personnel résultant de sa propre histoire faite de trimballage entre Berlin, Paris et Stockholm.

Kesiena a su avec une très grande classe se couler dans l’univers pop-rock européen pour composer des titres mélant ses différentes influences. Ainsi, comme pour fuir ses propres origines, le nigérien débute son album sur des titres assez banaux en surface mais on se rend vite compte que « Love is all I have » ou « On my way » sont bien plus que cela.

Véritable mélange de soul et de rock, Kesiena pose sa voix très ronde sur un accompagnement nuancé et puissant. Passant du registre très rock à celui beaucoup plus intimiste du folk comme sur « You may not be the one » sans réelle difficulté, Kesiena semble faire tomber les frontières entre style pour nous proposer sa version, sa vision à travers le prisme de son histoire.

N’oubliant pas ses origines pour autant, il nous sert sur le titre phare de l’opus « It Was All Written« , une composition assez sombre mais méchamment puissante mêlant mélodies typiquement africaines et pop très européenne. On applaudit ce mélange trop rare.

Mais c’est sur « Seventeen« , « Life Train » ou « A Dying Breed« , véritables tubes en puissance, que le nigérien parvient à nous faire chavirer. Guitares acoustiques, mélodies coulantes, voix douce , on trouve toujours chez Kesiena ce plaisir de chanter, cette légèreté feinte qui nous enveloppe et nous charme.

Seule ombre au tableau, les quelques références un peu trop appuyées à mon sens à Radiohead « Lullaby for Liona » ou Arcade Fire qui certaines fois écrasent la vision du chanteur.

Sans être démonstratif ou indispensable,cet album nous fait voyager à travers plusieurs sensibilité. Kesiena passe de style en style tout en gardant son identité propre. Le cosmopolite qu’il est s’accommode très bien de ce mélange musical et n’hésite pas à mêler plusieurs cultures pour notre plus grande joie.

Arnaud Le Tillau
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