/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 10-04-14

Katerine – « Magnum »

Artiste extrêmement doué, touche à tout et complexe, Philippe Katerine nous revient, après maints reports, au travers d’un album plus électro que jamais réalisé par SebAstian chantre de l’électro french touch. « Magnum » nous apparaît plein de vie, toujours aussi fantasque mais bizarrement moins transgressif et plus consensuel que ses derniers opus.

C’est au travers d’un « Delta » électro chic très 80’s rappelant ces séries américaines aux longs courts tournées sous le soleil de Floride que débute cet album. De suite le ton est donné. Glamour kitch, flashy aveuglant la musique créée par SebAstian nous inonde d’un son synthétique très hype.

À son image, Katerine ne fait rien dans la nuance. Excessif dans son approche de la musique, il montre encore une fois ce plaisir à aller au bout de sa démarche sans concession. Voilà maintenant près de 10 ans que le vendéen est sorti de sa coquille bossanova un poil confidentielle grâce au génial « Humain après tout » qui faisait déjà référence à l’électro des Daft Punk. Mais alors qu’il singeait sur « Louxor J’adore » avec intelligence une musique devenue à la mode, il semble maintenant avoir été happé par le système et utilise cette propre musique à ses fins.

Que cela soit sur « Sexy Cool » ou « Stripteaseuse », on est bien loin des bricolages des premiers temps. Philippe Katerine semble avoir perdu ce je-m’en-foutisme qui lui permettait de dire et de faire n’importe quoi sur ses albums. On ressent ici une énorme contrainte, celle de plaire à un public qu’il essaye d’élargir coûte que coûte en mettant son talent de côté.

Malgré quelques bonnes idées notamment sur le tubuesque « Efféminée » jouissif et vite addictif ou « ADN » dans lequel il aborde la thématique du mariage pour tous, Philippe Katerine nous perd dans des morceaux stéréotypés 80’s. À l’image de « Patouseul » rappelant beaucoup « Début de Soirée », il tente de rendre loufoque des titres lourds et sans réel intérêt qui à coup sur feront un carton dans les bals de mariage.

Album difficile à ingurgiter de bout en bout tant la patte électro de SebAstian s’avère lourde, « Magnum » signe l’entrée de Philippe Katerine dans l’ère de l’amusement industriel. Oublié les bricolages si sympathiques des précédents opus, l’électro massive écrase tout sur son passage et finit par nous écœurer. Le vendéen voulait proposer un album au son dément. Sur ce point on ne peut qu’admettre qu’il a réussi.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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