Artiste pluridisciplinaire officiant notamment dans le collectif Cela, Jumo a décidé il y a un an de se lancer seul dans une électro au beat extrêmement créatif. Bien lui en pris, ce deuxième EP intitulé « Nomade » est un petit bijou de finesse et de raffinement qui place le français en véritable maître électro promis d’ores et déjà à un bel avenir..

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Faisant fi des conventions, Jumo dessine sur un premier titre dantesque « Un », une musique à la fois solaire et intense construite de bribes éparses de sonorités que son génie arrangeur lui permet de mettre grandement en valeur. Au travers de l’utilisation intelligente et parcimonieuses de samples vibrants, le Français déconstruit et reconstruit une électro pop de très grande facture. On est vite emporté par cet élan sans égal qu’il réussit à communiquer dans des compositions extrêmement bien agencées.

Possédant une véritable science pop, Jumo nous impressionne de son agilité musicale au travers de morceaux très addictifs. Mélange de sonorités porteuses et pimentées, il nous tourne la tête de ses rythmes syncopés qui ne cessent de tourbillonner. Extrêmement rythmique, l’électro du français n’en demeure pas moins mélodique au groove implacable à l’image de ce « Alea » véritable vague sans fin qui déferle tel un tsunami.

Chez Jumo les paroles sont autant de sonorités qu’il peut à sa guise distordre ou répéter pour un rendu vite hypnotique. Multipliant les parties comme autant de chapitres, chaque titre possède sa propre vision, sa propre histoire. C’est ainsi que d’un morceau à l’autre on découvre à chaque fois une nouvelle manière d’appréhender cette musique à l’electro organique. Possédant un sens inouï de la composition et de l’arrangement, Jumo transcende le style pour l’adapter à son histoire et à ses émotions.

A la fois dense et percutante comme sur « Nomade » et « Pli », la musique du français ne se perd pas dans une jungle de sonorités. Chaque son a sa place et sa fonction. Les morceaux sont extrêmement bien construits et réussissent à lier finesse et efficacité. On se prend au jeu de cette musique qui finalement n’a d’électro que la coquille tellement celle-ci semble intemporelle.

À la fois virtuose et simple, le Français nous émerveille de ses trouvailles et de cet agencement de sons qui semble ne jamais lui faire défaut. Avec Jumo l’électro se hisse au rang d’art brut. Au même titre que furent réalisées les peintures de maître, Jumo agit par petites touches pour mieux nous faire découvrir un monde jusqu’ici indétectable. Brouillant les cartes pour notre plus grand plaisir, le jeune français trace sa voie à grand renfort d’innovation et de créativité. Époustouflant !

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com