We are Lucky, Jil Is back. Après le succès de son premier album, il revient avec « In The Tiger’s Bed », album très différent du précédent, mais toujours aussi intéressant.

Avec « In The Tiger’s Bed », exit les percussions légères, les cuivres et violons et autres ballades acoustiques du premier album. Jil is Lucky tourne la page et s’attaque à des sonorités plus électroniques, avec gros synthés analogiques, vocodeurs et boîtes à rythme. Et évidemment, au premier abord un tel changement déconcerte.

Pourtant, dès « Insomnia », on reconnaît la patte de Jil Bensénior, et, malgré le grand écart de production, il faut souligner un point commun avec le premier opus : le gaillard est un faiseur de mélodies incontournables et tubesques. Qu’importe qu’il s’accompagne d’une section cuivre ou de gros arpèges de synthés et de clappements de mains 8 bits, il pourrait tout aussi bien nous jouer ses chansons à l’accordéon que ça fonctionnerait sans doute. Certes, sur ce « In The Tigre’s Bed », la voix baigne souvent dans des doublages, des delays et autres effets qui la rende moins présente qu’à l’accoutumé, mais le timbre inimitable de Jil est bien là. Certains devraient d’ailleurs en prendre de la graine dans l’utilisation intelligente et musicale d’un vocoder, comme sur « Backslider »…

On est donc face à une production très léchée, associant analogique vintage et instruments acoustiques plus discrets, mais on est loin de la froideur caractéristiques des 80’s. Le son, chaud et rond, soutient à merveille ces nouveaux titres. Question compositions, c’est du très bon : des mélodies et des structures un peu plus alambiquées que sur le premier opus, mais avec toujours un gimmick ou un refrain d’une efficacité désarmante comme sur « Not at all », « Chai Tea » ou « Pills ».

A quelques exceptions près, on est face à un album ultra dansant et rythmé, comme en témoigne la fin simili disco de « 40 Times a day », ou la rythmique très marquée de « Stand all night », mais on est loin de toutes facilités visant à faire taper des mains. Jil multiplie les breaks, les changements de rythme et de sons donnant à ces morceaux pop/rock une richesse étonnante, voir parfois perturbante à la première écoute. Une sorte de MGMT français moins psychédélique et plus pop.

« In The Tiger’s Bed » est donc un album qui pourra paraitre déconcertant si l’on se réfère à l’album précédent de Jil is lucky, peut-être un peu moins abordable, mais d’une richesse musicale bluffante et surtout marqué par des titres rythmés aux mélodies imparables qu’on imagine aisément mettre le feu en concert. A écouter et réécouter.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com