/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-07-17

Emily Loizeau – « Origami »

Très bonne surprise que ce nouvel EP que l’on attendait pas sitôt du fait de la sortie en début d’année de son très bon album (« Mona »). Créé à l’occasion de la sortie du documentaire « Les enfants de la jungle » dont elle signe la BO, cet EP s’inscrit dans l’approche militante d’une artiste autour de l’écologie et du sort des migrants. Intégrant à son univers cette révolte, elle nous propose 5 titres proches de l’expérimentation et plein d’une mélancolie triste.

Emily Loizeau – « Origami » : La chroniqueC’est sur un « Land of Shelter » que tout commence. Jouant de son timbre délicat et unique, puisant dans des graves frissonnants elle nous enivre de ses mélodies sur un premier titre lent et raffiné. On se laisse bercer par cette approche toujours aussi pertinente d’une artiste réussissant à chaque fois à se réinventer. Le décor est posé et la gravité semble habiter cet EP comme ce fut le cas sur son dernier album. Plaintive et triste parfois même fataliste la musique de la française habille avec grâce un malheur profond.

En anglais dans le texte, Emily Loizeau pose ses mélodies sur un background simple, sobre et puissant à la fois. Piano, voix sur un titre comme « Push away by the tide », elle défriche un style indémodable et frissonnant. Jouant sur les harmonies lentes et enveloppantes « Where to go », la française puise dans une variété et une chanson française pour mieux nous enivrer de ses mélodies douces et légères. Lentement Emily Loizeau dessine une musique aux envolées douce et simples qui nous touche instantanément. Progressivement par une instrumentation légère et délicate, elle dessine de sa voix à la fois brute et enrobée une composition aux motifs répétitifs qui nous hypnotisent de leur lente mélopée.

On retrouve dans cette musique cette enfance perdue, cette détresse enfouie mis en lumière par les réalisateurs Thomas Dandois & Stéphane Marchetti, Emily Loizeau donne corps au sentiment de perdition des enfants de migrants livrés à eux même. Détresse, espoir, envolée lyrique tout dans cette musique nous ramène à ces vies brisées ou chamboulées. Les styles ont beau s’entrechoquer, les morceaux ne pas se ressembler, l’univers et le message est extrêmement cohérent et donne un brillant rare à cet EP d’une grande qualité.

Emily Loizeau joue avec nos émotions et notre ressenti tout en gardant cette fraîcheur propre à son statut d’artiste hors norme. Mêlant le gracieux et le triste, le mélancolique et le touchant, elle multiplie les mélanges pour mieux nous bousculer comme sur cette reprise des « Eaux sombres » présent sur son dernier album avec Saul Williams ou ce duo fort et brillant avec Benjamin Biolay sur « Origami ».

Pop fouillée, instrumentation sobre et puissante, Emily Loizeau nous propose dans un format rare pour ce type d’artiste une approche peut-être plus ancrée dans le réel et plus engagée que ses précédents opus. On y retrouve ce qui fait le sel de son art, ce mélange charmant de musique brinquebalante et de mélodies envoûtante. Un beau projet mené de main de maître par une Emily Loizeau au faite de son art.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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