Artiste plein et entier, Chapelier Fou n’en est pas à son coup d’essai. Passé maître dans l’art du sample et du mix, le natif de lorraine nous revient dans un nouvel album intitulé « Méridiens ». Dessinant à sa façon les contours d’une electro douce et tourbillonnante, il élève une fois de plus l’electro française en proposant un album en forme de chef d’œuvre technique et mélodique qui ne cesse de nous émouvoir.

Démarrant sur « L’austère nuit d’Uqbar » sorte de zone tampon afin d’oublier nos préjugés sur l’électronique, Chapelier Fou nous impressionne de suite par ses choix. Au travers d’un concert de cordes acoustique mélangeant violons et violoncelles, le français donne à voir une sorte de concerto superbement mélodique qui n’en fini pas de nous ravir les oreilles par sa finesse et son approche enveloppante. Avec un sens de la construction classique que l’on retrouve aussi sur « La vie de Cocagne » il dessine une musique à l’écrin pur et à l’approche audacieuse pour une introduction des plus efficaces.

« Constantinople » deuxième titre de cet opus, déboule ainsi dans nos oreilles avec cette force dont est parsemé l’univers de Chapelier Fou. Au travers d’une instrumentation d’une richesse indescriptible s’inspirant aussi bien du classique que de l’électronique, le français esquisse une électro sensuelle et humaine comme on en fait peu. On se laisse guider par ces multiples couches d’instrumentations  acoustiques qui cousues en boucle donne à voir une composition extrêmement fouillée mais toujours aussi vaporeuse. Car le français à le chic pour réussir à mêler complexité et écoute simple dans un concert de bonnes idées dont il ne cesse de nous mettre entre les oreilles. On est conquis rapidement par cette folie sage que le français met en place avec une douceur rare et un sens tactile certain. 

Il y a une sorte de douceur sautillante dans cette musique qui n’en fini pas de nous émerveiller par cette approche ciselée et diablement bien construite. Jouant avec les sonorités et les rythmiques comme personne d’autre ne sait le faire, le français dessine un patchwork incendiaire qui nous enivre de ses sonorités toujours superbement distribuées « Insane Realms ». On est bouche bée devant cette construction de génie qui n’a de cesse de nous plonger la tête la première dans une musique proche de l’expérimentation. Doucement réveuse, la musique de Chapelier Fou dissèque le classique pour mieux s’en emparer.

La véritable gageure de cet album est de rendre abordable une musique pleine d’expérimentations et ne rentrant dans aucune case. Multipliant les diversités sonores, il retombe à chaque fois sur ses pattes grace à une science de la mise en musique qui nous laisse pantois. Chez Chapelier Fou les rythmiques sont toujours au centre de chaque morceaux mais réussissent par un jeu de mixage à se faire oublier au fur et à mesure du morceau. Sans jamais n’être dans l’horreur ou le suspens, Chapelier Fou dessine sa propre folie au travers d’une vision multiple et diversifiée de sonorités qui ne cesse de se transformer au fur et à mesure du morceau. La force du lorrain est cette capacité à travailler chaque sonorité une à une en les mixant de façon discrète et travaillée pour un rendu qui ne cesse de tanguer.

A l’image de l’interlude « l’état nain », la musique de Chapelier Fou ne cesse de se transformer au travers de compositions aux patchworks sonores ciselés. Inclassable dans son approche unique d’une musique à l’électronique pointue, le français tutoie les sommets sur ce « Méridiens » hypnotique et déroutant. Happé par sa force sonore, l’auditeur plonge la tête la première dans cette musique qui n’arrête pas de se régénérer avec panache. Véritable chamboule tout numérique, cet album nous emporte loin dans les songes d’un Chapelier Fou proche de l’apprenti sorcier. Avec une douceur extrèmement il nous fédère derrière une musique superbement travaillée qui ne cesse de nous éblouir de son unité.

Arnaud Le Tillau
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