Après avoir sillonné le Québec de long en large et réalisé quelques apparitions en Europe, les Canailles nous reviennent avec un nouvel album intitulé « Ronds-points ». Loin de tourner en rond comme on pourrait le craindre, la musique des Canailles s’enrichit d’une production faisant ressortir le côté Big Bazar de ce groupe qui prend toute sa dimension sur scène.

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C’est d’ailleurs à un problème de taille que s’est confronté le réalisateur Eric Villeneuve, en effet la musique des Canailles n’entre dans aucune case et se devait de sonner live. Pari réussi, dès le premier titre « Titanic » où, au travers d’une musique Cajun, les Canailles construisent un titre bordélique et joyeux dans lequel on retrouve un mélange d’influences puisant sa source dans la variété pop des années 70.

Loin des canons d’une pop internationale un peu froide et distante, les compositions des Québécois abordent leur folklore local au travers de morceaux chaleureux. Ainsi, sur très irlandais « Marathon » ou le bluegrass « Ronds-points », les Canailles remettent au goût du jour un style un peu oublié qui mêle folklore et musiques actuelles. Le mélange entre rock et mélodies entraînantes leur permet de construire avec les instruments du crû une musique du terroir.

Mais ne vous fier pas aux apparences, bien que festif et mélodique, la musique des Canadiens reste très travaillée. Via des harmonies de voix toujours très bien amenées, ils composent aussi des titres pop-folk lumineux. Que cela soit sur « Breakers » aux folk dense et aux harmonies rappelant les Brigitte ou sur le frissonnant « Berceuse pour les plantes » qui mêle blues et folk, ils impressionnent de leur aplomb et de leur facilité à faire chanter la langue française. Changeant de chanteur et de lead pratiquement à chaque titre, les Canailles brouillent les pistes et rendent le tout vivant.

Car c’est avant tout un bouillonnement d’inventivité et de vie qui transparaît dans ces titres toujours vibrant à l’image du magnifique « Les grands élans ». Alors lorsque Jimmy Hunt prend l’harmonica sur « Poisson d’Avril » cela nous offre un titre extraordinairement folk rock dont seul les québécois sont capables de produire. Les Canailles, avec beaucoup de finesse, nous font retrouver le goût de la musique festive sans tomber dans un folklore misérabiliste ou empêtré dans ses anachronismes. Il y a chez les Québécois un véritable élan, une volonté de créer des titres loin d’un conformisme ambiant. Complètement à contre courant, ils imprègnent leurs chansons d’une humanité sincère et véritable.

Vous l’aurez compris, ce deuxième album confirme grandement tout les espoirs que l’on avait mis dans les Canailles. Il y a une âme dans leur musique, une sorte de bienveillance familiale qui plane sur chaque morceau rendant ce « Ronds-points » unique et cohérent. Les Québécois font une musique où le folk côtoie le blues et la pop, où les harmonies nous font la vie moins dure et laborieuse. Entre joie de vivre et souffrance, la musique des Canailles, raconte la vie sans ambages mais sans misérabilisme.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com