/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 07-06-17

Benjamin Biolay – « Volver »

On avait laissé Benjamin Biolay coincé entre l’Argentine et la France dans un album « Palermo Hollywood » au goût de voyage, doux et diablement addictif, on le retrouve toujours entre ces 2 pays dans une ambiance légèrement différente, beaucoup plus brute et tranchante dans un « Volver » aux contrastes forts. Le français nous délivre un album à l’empreinte forte mais à la cohérence plus discutable.

Benjamin Biolay – « Volver » : La chroniqueMélange de chansons françaises et de western latino, le premier titre est un modèle du genre. Dans ce « Volver », premier titre de cet album, le français frappe fort avec une composition rappelant bigrement Léo Ferrer et son « 20 ans ». Puissant aussi bien dans sa prose que dans son instrumentation, la composition nous percute de plein fouet. Dessinant un titre à la variété assumée et au verbe haut et précis, Benjamin Biolay titre un trait entre la France et l’Argentine avec une classe rare.

Enchaînant sur un « !Encore encore! » au rock sensuel à la diction susurrée traitant de l’amour physique avec ce charme fou dont il s’est si bien usé. Le lyonnais réussit dans un écrin banal à écrire une chanson presque sulfureuse, une sorte d’ode un peu grosse à l’amour physique. Le charme opère et l’on se laisse emporter par cette vague qu’il manie avec parcimonie et délectation. Chanté avec son ex femme, Biolay a le sens du détail et multiplie les allusions, les faux semblants avec une intelligence folle.

Argentine terre d’accueil, à l’inverse chez Biolay la France et plus particulièrement Paris est pratiquement honnie. Terre des échecs, des ratés amoureux, le français joue de sa voix et de répétitions ajustées pour mieux noircir les traits d’un titre comme « Le nuage » mélangeant légèreté du refrain au latino assumé et gravité d’un couplet à l’électro glaciale. De la même façon sur « Happy Hour » aidé de Catherine Deneuve, il nous entraîne grâce à sa prose rare dans un dédale au malsain très présent et proche de la dépression. Traitant de ses retours au Paris il nous fait ressentir ce véritable malaise que représente cette capitale honnie et sans éclat dans les yeux d’un Biolay blasé et trouvant son bonheur à l’autre bout de l’océan.

En s’enfonçant dans l’album, on découvre un Biolay mélangeant de plus en plus sa prose à la variété locale. Multipliant les duos (Miss Bolivia, Sofia Wilhelmi), il mêle musique populaire Argentine et chanson française pour un rendu qui au fil des titres devient presque inaudible car ne répondant à aucune logique. Passant d’un rap surannée et complètement à côté de plaque « Hypertranquille » au superbe « La Mémoire » plein d’une musique grand siècle, Biolay nous propose un album tortueux aux ambiances changeantes ayant du mal à dissocier le bon grain de l’ivraie.

Tentant d’intégrer un peu plus de vie dans cet album qui se veut la suite logique de « Palermo Hollywood », Benjamin Biolay se perd en chemin et nous propose un album qui dans son éclectisme apparaît plus comme une suite de face B que dans une approche artistique réfléchie. Malgré quelques bonnes idées et bon titres, l’ensemble ne dégage qu’une impression de grand fourre tout où les chansons se suivent sans se ressembler.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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