Découverte en France en 2015 au travers de sa reprise magistrale du tube de Stromae, « Formidable » , La Bronze nous revient pour un 3ème album intitulé « Vis-moi ». Dans une chanson française qu’elle réussit à sublimer par des arrangements toujours plus audacieux, la jeune québécoise nous propose un opus superbement construit aux mélodies enivrantes. Cumulant textes ciselés et puissance pop, La Bronze navigue entre pop, chanson française et rap avec aisance pour un rendu à la personnalité forte. 

Dans une poésie brutale et incisive sur « Toi », La Bronze nous entraine dans une pop francophone extrêmement bien ciselée. Avec ce qu’il faut de groove, elle dessine sur un background à l’électro calculée une chanson française sans compromission qui fonctionne à merveille. Dans une musique soignée et puissante,  La Bronze se pose en artiste n’ayant pas froid aux yeux. Multipliant les bonnes idées et les montées en puissances dans un titre entre rap et pop, elle passe de l’intimité à la grandiloquence en quelques secondes. 

A l’image du très actuel « Briller », La Bronze construit une pop au sound system précis. Posant sa voix frissonnante et ses textes puissants dans un concert de bonnes ondes, elle se révèle en tant qu’artiste au dynamisme éclatant. Pleine d’une rage de vivre, la jeune montréalaise passe du français à l’arabe en un claquement de doigt « Haram ». Entre rock et violence rap, rappelant les instrumentations des très bons Vladimir Cauchemar ou Skread , ce titre tape dans le tas et pousse son affaire dans les retranchements d’une pop au rap omniprésent.

Dénonçant les diktat d’une société de consommation sur « Sois-Ferme » une nouvelle fois, la jeune québécoise nous cloue de son tranchant. Dans une instrumentation musicale superbement maîtrisée, elle impressionne de sa capacité à proposer une pop d’envergure dans une variété française de très bonne qualité. A l’image de ses alter égo francophone que sont Angèle ou Clara Luciani elle dénonce avec brutalité et talent cette imposition « Sois-ferme, la ferme ». Avec un sens de la progression pop, La Bronze nous bluffe de ses audaces sonores pour un rendu exceptionnellement addictif. 

Avec une douceur infinie sur le magnifique « L’habitude de Mourir » , La Bronze nous propose une de ses plus belles compositions. Percutante et moderne, le titre nous enivre de sa mélancolie ciselée. Dans un refrain qui nous entête dès les première notes, La Bronze nous met KO. N’hésitant pas à multiplier les innovations sonores qui donne au tout une profondeur rare, elle transforme l’essai avec un sens aiguë de la composition. Sincère dans toutes ses productions, elle met aussi bien en scène ses joies que ses peines « Quantum Parfait » .

D’une modernité à tout épreuve, La Bronze construit une oeuvre à la fraicheur bienvenue. Multipliant les innovations sonores et les jeux vocaux, elle se dépasse perpétuellement tout en proposant une pop distinguée et précise. Dans une musique de précision au souffle court, la jeune québécoise nous enivre de ses atmosphères dense au service d’une chanson moderne et haletante décrivant les désirs et révoltes d’une femme. Avec finesse dans une brutalité esthétique et textuelle, La Bronze cultive un goût de la puissance sonore qu’elle n’hésite pas à utiliser pour amplifier un message aux révoltes douces et fermes. Rampant sur une instrumentation qui n’en finit pas de nous envelopper, la musique de la québécoise touche du doigt une perfection exquise à l’innovation enivrante. 

Nos coups de  : L’HABITUDE DE MOURIR, HARAM, SOIS FERME

Note : 9.0/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com