/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 07-01-14

Stephen Malkmus & The Jicks – « Wig Out at Jagbags »

Pavement fut un des groupes qui structura le son des années 90 au travers de son leader Stephen Malkmus. Suite à l’abandon du groupe il y a quelques années maintenant, l’américain s’est lancé dans une carrière solo et nous propose en ce tout début d’année son 6ème opus naviguant entre pop 90’s et rock psychédélique à la fougue toujours intacte.

On est de suite happé par ce son si 90 composé de guitares saturées à outrance et de ces riffs tonitruants zébrant chaque composition d’énergie électrique. Car oui, Stephen Malkmus n’a absolument rien perdu de sa fougue et de son envie de faire de la musique en passant en solo.

Maîtrisant leur art en terme de structure et de sonorité, les américains nous proposent dès « The Janitor Revealed » un titre complexe cerné de guitares lourdes très hard rock mais à la finesse mélodique pop. C’est en effet ce mélange entre une pop lisse, mélodique, certaines fois sans substance et un rock agressif parfois à l’excès que Stephen Malkmus and the Jicks se plaisent à revisiter. Mais l’approche de l’américain ne s’arrête absolument pas à ce mix déjà très réussit.

On découvre au fur et à mesure, d’abord par petites touches, sur « Lariat » avec cette fin jazz éphémère ou sur « Houston Hades » au travers d’une ouverture complètement barrée, que les américains se plaisent dans un univers de plus en plus psychédélique. Ils semblent rivaliser de créativité pour mieux nous perdre dans une matière sonore oscillant ente nudité et richesse instrumentale. Le fil conducteur étant cette éternelle trame mélodique simple qui permet de lier toutes leur forme d’extravagance en lissant quelque peu le propos.

Fervent défenseur des titres aux structures proche du jazz sans réelle boucle ou redite, Stephen Malkmus pose ses idées dans un écrin rock qui donne plus l’impression d’une continuelle improvisation. Rappelant beaucoup Bowie sur un titre comme « J Smoov », on est vite conquis par cette facilité apparente de création.

Ceci ne les empêche pas de nous servir un grunge dans la plus pure tradition de Seattle au travers d’un « Shibboleth » nous envoyant en pleine face une musique lourde et entraînante sur une mélodie à tomber. On est surpris de la liberté dans laquelle s’ébrouent ces 4 américains et de la fraîcheur qu’ils parviennent à nous restituer telle une bande son de notre adolescence à une époque où Nirvana tenait le haut du pavé (dans ta gueule).

Malgré quelques titres ennuyeux comme « Independence Street », le sentiment qui se dégage à l’écoute de ce « Wig Out at Jagbags » c’est une envie qui ne se dément à aucun moment. Envie de faire la musique qui leur plait, de prendre à droite et à gauche quelques bonnes idées pour réunir le tout dans un album à la fougue bienvenue et à la folie en toile de fond. Alors oui cet album ne se met pas à la portée de tout un chacun mais prouve et de façon impressionnante qu’il est encore possible d’exister en dehors des sentiers battus.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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