L’Australie nouvel eldorado de la pop? C’est en tout cas la question que l’on se pose à l’écoute de cette envoûtante Georgi Kay. Après la découverte de Lorde, voici une jeune femme d’à peine 20 ans nous proposant un deuxième EP pop aux sonorités et à la production très maîtrisées.

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C’est tout d’abord cette voix entre soul et pop qui nous surprend à la première écoute de « In my mind » premier titre éponyme de cet EP. Production millimétrée, sonorités homogènes et impactantes, la jeune femme semble savoir où aller et nous en met plein les oreilles d’un son délicat et travaillé. Difficile de penser qu’elle n’avait que 19 ans lorsqu’elle a composé ce morceau brillant d’esthétisme et d’homogénéité.

À l’image de cette pochette noire et blanche aux traits ciselés et délicats, la musique de Georgi dégage un sentiment de sobriété aux travers d’arrangements minimalistes voir parfois nus. Pourtant on se laisse prendre au jeu de cet pop notamment sur « Ipswitch » où, poussée à son paroxysme, elle devient quasiment design. Parfois proche d’une folk pop rappelant brièvement Alt-J, la musique de l’australienne semble se jouer des styles nous proposant sa vision unique au travers de compositions complexes et raffinées.

Seul bémol cette monochromie très présente qui bien qu’apportant une homogénéité ne souffrant d’aucune critique impose une sorte de froideur, de distance parfois un peu pesante. La jeune australienne semble reproduire certains codes de la pop nordique restituant un univers sonore design, net, sans anicroche, sans fioriture inutile. Pourtant lorsqu’elle tente de s’en éloigner, elle nous propose un titre comme « Right next to you » beaucoup plus classique dans sa structure et ses sonorités qui nous font vite regretter son style si caractéristique.

EP d’une grande maturité malgré la jeunesse de son auteur, « In my Mind EP » nous emporte dans l’univers soigné et raffiné de la jeune Georgina Kingsley. Esthétique et monochrome on regrettera le parti pris très froid en terme de sonorité de cet album qui reste à mon sens une pépite pop dont on ne peut que louer l’originalité. Une chose est certaine on en entendra de nouveau parler dans quelques temps.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com