/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 08-10-19

Thomas Fersen – « C’est tout ce qu’il me reste »

Cela devient une habitude, une sorte de rendez-vous tacite entre Thomas Fersen et son public et ce tout les 3 ans. Ainsi c’est avec un nouvel album intitulé « C’est tout ce qu’il me reste » que le français nous revient plus en verve que jamais. Plus électrique que son précédent opus, Thomas Fersen continue avec un soin textuel à nous emporter dans son univers atypique et unique mêlant brillamment pop et chanson française. 

Thomas Fersen - "C'est tout ce qu'il me reste" : La chronique

Passé un premier titre un peu monotone et un peu facile « Les Vieilles » , l’album démarre en trombe dès le deuxième titre « Tout ce qui me reste » .  Instrumentation électrique, pop pétillante , Fersen fait une première entorse à ses habitudes rappelant son avant dernier album « Thomas Fersen and the Ginger Accident » . Une fois de plus dans un texte semi humoristique , semi sérieux il nous entraîne dans son univers unique ou le sourire l’emporte. Véritable tube, ce titre ouvre pleinement les hostilités et nous permet de retrouver un Fersen au meilleur de sa forme dans une composition diablement addictive qui ne cesse de rebondir.

Jouant sur les mots, s’amusant de textes fait de bric et de broc il dessine une musique populaire tout en gardant cette dignité, ce flegme tout britannique, ce sérieux à tout épreuve qui donne au tout une légitimité et un grand pouvoir humoristique. C’est ainsi qu’on le retrouve sur « Les zombies du cimetière » dans une composition poum pam poum sort de mélange improbable entre Carlos et une électro parfois grave permettant un humour de contraste fonctionnant à plein tube. Sans jamais renier l’univers qui est le sien, Fersen réussit la gageure de se renouveler tout en osant proposer des titres parfois complètement différents sur ce nouvel album plein de contrastes.

C’est ainsi qu’il nous propose sur « La Mare » un conte chanté où il réussit à transformer un bain en un voyage fantastique dans lequel des créatures apparaissent dans un imaginaire semblant sans fond. Avec un sens de la composition unique, le Français met son expérience au service de cette composition y apportant une finesse textuelle et une approche nuancée qui fonctionne à merveille. Véritable conteur , il nous transmet avec bonheur la complexité des meandres de son cerveau. Durant 10 minutes Fersen nous entraîne dans une histoire dont il a seul le secret. 

Parfois à la limite du mauvais goût sur le jouissif « Mange mes poux » ou très pop sur « Envie de ne rien faire » , Fersen aime réunir des styles différents tout en veillant à se les réapproprier avec beaucoup de classe. Sur une instrumentation moderne proche d’un Philippe Katerine, complètement foutraque autant qu’enfantin ou chantant l’oisiveté avec un charme fou le français défend le rêve et la rêverie avec une langue fleurie qui le voit transformer une situation simple en une expédition dangereuse et fantastique.

Dans ce nouvel album, Thomas Fersen innove sur l’instrumentation qui le voit travailler une matière sonore loufoque à l’électrique ludique. Dans un univers musical peuplé de sonorités guillerettes et parfois à la limite du ridicule Fersen traîne sa voix pince sans rire donnant au tout un sentiment de proximité rare. On s’attache aux personnages que le français crée et l’on tombe vite amoureux de cette élégance naturelle et de cette approche enfantine qui est la sienne. Chez Fersen, Le monde est ouvrier et la banlieue fleurie. Disséminant son univers unique entre chanson française et gouaille d’un autre temps, Thomas Fersen fait du neuf avec du vieux et nous enivre de ses mélopées simples aux textes truculents et toujours pleins d’humour.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production