Orfèvre pop, moitié du duo électro « One-Two » et réalisateur exigeant, Séverin s’est lancé depuis 2009 dans une carrière solo qui l’a vu enchaîner les bons albums à la pop précise. Au travers d’un swing naturel et d’une classe impressionnante, le Français nous propose un « Ça ira tu verras » à la pop folk étudiée marquant un véritable virage dans sa discographie.

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Instrumentation feutrée aux sonorités précises, la musique de Séverin nous envahit de son swing doux qui donne à chacune des compositions un côté très léger. Posant avec rigueur un canevas au rythme ensoleillé dans une première composition « Ça ira tu verras » au goût de trop peu, Séverin se pose en pourfendeur d’une pop à la nonchalance câline et mesurée.

Sous ses airs de gentil folkeux, le Français nous gratifie de textes ciselés qui donnent une véritable couleur à chacune de ses compositions. Sans en faire des tonnes, de sa voix caressante, il dénonce avec justesse sur un « France » lumineux la découverte d’un pays non tolérant. Il utilise à contre emploi un folk au groove chaloupé pour un message grave qui en devient d’autant plus important. On est vite conquis par cette plume exquise et pointilleuse.

Follement mélancolique dans son approche pop, Séverin passe imperceptiblement de la variété roucoulante sur un « Les hommes à la mer » sans largesse au folk appuyé dans une « Amélie » au mélodisme hors-norme. Car une des grandes qualités du Français est cette science méticuleuse de la mélodie virevoltante qu’il partage avec des artistes comme William Sheller ou Laurent Voulzy.

Magique sur « Interlude » ou la musique de l’artiste prend toute sa dimension, ou poignant sur un « Ton ADN » solennel et noir, Séverin prouve avec une grâce infinie son talent d’auteur, de compositeur et de réalisateur. Au travers de textes ciselés, le chanteur se distingue dans une approche musicale fataliste et brillante.

Construisant pour chaque chanson un univers palpable, on découvre un auteur né aux textes soignés. Noble dans son approche instrumentale, Séverin se distingue sur chaque note et précise avec ardeur et délicatesse des émotions contenues. Musicalement au top, le Français nous subjugue de sa façon si personnelle de porter de véritables œuvres qu’elles ne soient une seule fois ni grandiloquentes ni trop sobres. La musique de Séverin nous sort avec bonheur de la vulgarité de certaines approches musicales actuelles et l’on est vite happé par la mélancolie qui déborde de ce « Ça ira tu verras ».

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com