Ancien batteur des formations The Dodoz et Las Aves depuis 10 ans, Adrien Cassignol a décidé de se lancer dans une carrière solo au travers du personnage imaginaire de Ryder The Eagle. Bien lui en a pris. Au travers d’un premier EP enregistré en 3 jours et sur lequel le Toulousain se révèle être un multi instrumentiste de talent, il nous immerge dans un univers pop rock au feutré grandiloquent.

Dès le premier titre, « Die on My Bike », le français apparait comme un esthète de la pop travaillant chaque son avec un sens du détail rare. Nous gratifiant d’une composition à la pop anglaise chic qui doucement nous apprivoise dans un concert de clavier B3 aux sonorités rock, le français nous éblouit de sa pop analogique dans laquelle surnage une esquisse electro. Jouant sur la répétition  des mélodies il ne nous lasse jamais et multiplie les bonnes idées pour mieux nous emporter dans une fin de titre jouissive à souhait.

Cet EP est un véritable festival, multipliant les titres tous plus addictifs les uns que les autres, Ryder The Eagle nous délivre des compositions naviguant entre rock suranné et pop à l’humour grinçant. Inventif à chaque accord le français dessine une pop atypique piochant aussi bien dans un rock harmonique rappelant les Dandy Warhol que dans une pop léchée aux reflets sous cellophane. Propulsant ses compositions dans des crash test artistique, Ryder The Eagle se plaît à bousculer les sonorités pour mieux les mélanger dans un feu d’artifice final frissonnant « Crush your head on the floor ». Jouant sur les deux tableaux, il souffle le froid et le chaud avec un sens certain de la mise en scène musicale.

Mélodiquement au point, chaque titre tire son épingle du jeu. Mélangeant analogique et rock, il dessine une pop capiteuse et puissante qui ne cesse de tourbillonner dans une structure complexe et enivrante. Jouant sur un son puissant et caméléon, le français nous impressionne de sa maîtrise technique qui lui permet de se lancer dans des compositions multi forme rappelant l’approche Beatles sur « Frankfurt » . On se laisse immerger par ce titre qui multiplie les bonnes idées pour mieux nous entraîner dans un mélange pop analogique rare. On est médusé par la façon dont le français réussit à intégrer à sa musique une électro distordue avec un sens inné du montage sonore

Combinant le charme anglais et l’impertinence française dans un EP plein de cette pop décousue à l’orchestration grandiose, Ryder The Eagle ne s’embarrasse pas d’une bienséance qu’il aime remuer avec talent. Créatif à souhait, le français puise dans une pop généraliste pour en sortir l’essence même d’un style qu’il maîtrise à merveille. Ryder The Eagle réussit en un EP à imposer sa patte, une façon de faire de la musique atypique et grandement addictive. Clair et concis dans son approche d’une pop d’abord facile mais de composition complexe, le toulousain cache bien son jeu et nous impressionne de sa maîtrise qui apparait en filigrane. Sans jamais tomber dans le mauvais goût, Ryder The Eagle expérimente avec classe et pertinence une pop de très grande qualité.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com