/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 04-12-13

Pascal Obispo – « Le Grand Amour »

Depuis le semi-échec de « Welcome to the Magic World of Captain Samouraï Flower » paru 2009, Pascal Obispo se contentait de recycler allègrement ses tubes au travers de compilations et tournée « best of ». On se dit qu’après tant de temps sans nouvelle composition personnelle, l’homme aux 3 sourcils aura des choses à dire et des idées pleins sa besace. Et pourtant, « Le grand amour » déçoit. Non pas que l’album soit réellement mauvais. On assiste juste à un nivellement par le milieu, qui fait que rien ne ressort vraiment. Un manque cruel d’inspiration, d’originalité et surtout d’humilité qui forme un tout fade manquant cruellement de consistance.

Le premier extrait « D’un Avé Maria » laissait entrevoir quelques bonnes choses. Un bon refrain sur un titre mid-tempo qui, sans jamais « envoyer » énormément nous laissait dire que la verve mélodique d’Obispo était toujours là. Mais, cette étrange impression d’« entre-deux » ressentie sur le single se confirme tout le long de l’album. Peu de vraie ballade, mais pas non plus de titre énergique comme Obispo a pu en produire par le passé. L’ensemble reste très uniforme, baignant dans des arrangements mêlant sonorités synthétiques très présentes, et les classiques arpèges de guitares ou grand piano. Dès « Pendant que je chante », on a ce désagréable sentiment d’avoir déjà entendu le titre, mais en mieux et à la fin des années 90.

Comme le disait si bien le grand Aimé Jacquet, il ne faut pas oublier les fondamentaux technico-tactiques, à savoir une bonne mélodie. Et c’est bien là que le bât blesse. La source semble tarie à l’image de « Un jour » ou « Le grand amour » qui ne sont que l’ombre des belles mélodies qu’Obispo a pu écrire par le passé. « Quand j’entends la musique », en duo avec la pauvre Elodie Frégé, cumule un arrangement lourdingue à une mélodie insignifiante sortie des années 80. Il ne manque que la grosse basse qui claque et le solo de saxophone pour être parfaitement kitsch. Des oublis corrigés dans la deuxième partie du titre.

Alors certes on peut reprocher l’omniprésence des nappes et effets analogiques typés 90’s, mais cela fonctionne parfois comme sur « La rouille » ou « Le lanceur de couteaux ». L’intro est alléchante mais la promesse n’est qu’à moitié tenue et l’on retombe vite dans un classicisme d’école porté par des arrangements qui plombent l’ensemble.

« Le grand amour » n’atteint jamais son rythme de croisière et s’enlise dans des arrangements lourds et prévisibles, sans jamais trouver la ligne de basse ou les 3 notes de piano qui faisaient mouches autrefois. La ballade « Arigatô » et ses influences asiatiques nous renvoie à du « sous-Nicola Sirkis » et Obispo prend un sérieux coup de vieux en terme de production par rapport aux sorties actuelles. Les arrangements du bergeracois sonnent au mieux comme une bonne comédie musicale sponsorisée par TF1 et RTL.

A l’heure où même Florent Pagny parvient à se renouveler, voir à sortir des album qui tiennent la route (« Vieillir avec toi »), Obispo patine et s’embourbe dans des arrangements chargés et téléphonés quand on lui demande juste de faire simple et d’écrire de bonnes mélodies. Une surenchère qui manque totalement de sobriété alors qu’on le sait capable d’écrire de superbes titres avec un simple piano.

A l’image de Michel Polnareff, son idole de toujours, il faut être capable d’être critique envers soi-même pour canaliser un ego hors-norme. C’est ce qu’il manque à ce mollasson « Grand amour » (et à Pascal), qui se regarde trop le nombril pour pouvoir nous surprendre un seul instant. A peine sorti, cet album semble déjà avoir 10 ans de retard, que ce soit au niveau des textes de l’inénarrable Lionel Florence, des arrangements ou des mélodies. Pascal Obispo tourne en rond depuis maintenant quelques années, sans jamais se remettre en cause ni se renouveler. L’ex-rolls des compositeurs français marque le pas et le millésime s’est transformé en un vin de table très quelconque.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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