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Date d'ajout : 01-10-20

Nana Adjoa – « Big Dreaming Ants »

Originaire d’Amsterdam, la jeune multi-instrumentiste Nana Adjoa se dévoile dans un premier album en forme de coup de maître. Avec une poésie sans faille, cette jeune hollandaise aux racines guinéennes, nous apporte un vent de fraicheur au travers d’un « Big Dreaming Ants » excessivement bien produit aux sonorités recherchées et à la sobriété frissonnante. Composé après 3 EP salués par la critique entre 2017 et 2018, elle nous revient donc avec fracas dans un album maniant sensibilité et puissance.

Nana Adjoa - "Big Dreaming Ants" : La chronique

Dès le premier titre « National Song », on ressent une sorte d’approche très enveloppante voire religieuse. Construisant une musique tenace et feutrée, la jeune hollandaise nous immerge dans son monde plein d’un espoir tenu. Avec simplicité et à grand renforts d’effets musicaux, l’électro pop de Nana Adjoa nous prend aux tripes avec une violence folle. Dans une sorte de murmure assourdissant, la jeune femme originaire d’Amsterdam dessine une musique moderne aux bases rustiques extrêmement organique. Avec un soin particulier, elle nous trouble de ces fulgurances électro qui n’en finissent pas d’exploser aux oreilles dans un concert de sonorités toutes plus envoutantes les unes que les autres. 

Il y a une finesse folle dans ces arrangements qui n’en finissent pas de nous surprendre par leur texture. Travaillant des sonorités atypiques, elle nous fait descendre dans une atmosphère sourde et pointue qui n’a de cesse de multiplier les bonnes idées pour un rendu à tomber. Sur « Cardboard Castle » dans un canevas faisant la part belle à une pop déconstruite, elle touche du doigt une sorte de trip hop sous ecstasy qui fonctionne à merveille. Possédant un groove fou, cette composition tourbillonne lentement en nous emportant dans son souffle grace à une instrumentation superbement maniée

On retrouve quelques chose de Bjork dans la technique vocale que s’impose Nana Adjoa, une sorte de souffle et de liberté vocale qui ne respecte pas les codes de la pop standard. Le résultat est une suite de compositions atypique à la puissance sous-jacente folle. Sans jamais hausser la voix, sans jamais crier ou vitupérer, la jeune hollandaise nous entraine avec violence dans un univers peuplé d’une électro rude et d’un folk doux et ferme. Audacieuse dans ses choix d’instrumentation, Nana Adjoa a le chic pour faire cohabiter culture classique d’une pop folk acoustique et électro synthétique sobre mais toujours superbement amenée. Le résultat est un entre deux qui réussit à jouer l’équilibriste. On se laisse porter par cette musique aux sonorités entrainantes « No Room ».

Dans chacune des chansons de cet album apparait une âme et une personnalité forte qui n’en finit pas de nous éblouir. Maîtrisant à merveille son art, Nana Adjoa brûle les étapes pour mieux nous proposer une musique au spectre large qui nous fait frissonner de son acuité. Avec un sens de la composition rare, elle nous livre des titres excessivement ciselés à la sobriété recherchée qui ne sont jamais lourdes ou complexes. Tout le talent de la jeune hollandaise tient dans cette capacité à mettre en lumière une musique extrêmement dense avec une légèreté extraordinaire. 

« I Want To Change » est un modèle du genre qui clôt magnifiquement ce premier album. Montant progressivement en puissance, le titre nous entraine dans les méandres sophistiqués d’une pop à la sobriété touchante. Sans en faire des tonnes, Nana Adjoa nous touche de son engagement et de sa maîtrise innée d’une électro pop qu’elle dessine virevoltante et éblouissante. On est bouche bée devant cette musique qui n’en fini pas de nous faire frissonner par sa capacité à rebondir et à se réinventer dans un tout extrêmement abordable.

A l’image du magnifique visuel signé ShopAround qui figure sur la pochette de ce premier album, la musique possède une technicité et sobriété exaltante. Mélangeant la force du folk, la beauté de la pop et l’intransigeance de l’électro dans un premier album délicat et puissant, Nana Adjoa frappe fort. Couplant le populaire et le sophistiqué, « Big Dreaming Ants » donne à voir une artiste mature et capable de construire des compositions diablement addictives avec un sens de la structure folle. On se laisse embarquer par ces sonorités recherchées qui puisent avec entrain dans une pop et une électro profondes et enlevées. Se jouant des règles de la pop, Nana Adjoa construit une électro pop douce et subversive. Travaillant une matière musicale organique au travers d’une recherche sonore toujours très poussée, elle nous éblouit de son approche en nous transmettant une sorte de puissance pop que l’on se reçoit en pleine face.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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