La Bande à Renaud – « Volume 2 »
Après le succès du premier volume, c’est sans surprise que débarque « La Bande à Renaud Volume 2 ». La mode des albums-hommage à des chanteurs pas tout à fait morts continue donc… Mais là où l’épisode 1 s’était contenté de mettre en avant la qualité des chansons de Renaud sans pour autant se démarquer de l’oeuvre originale, ce nouvel album va un peu plus loin et propose de bonnes versions… mais ponctuées de quelques erreurs de casting étonnantes.
Au programme, des pointures de la chanson française telles que Lavilliers, Biolay ou Arthur H, mais aussi, comme dans toute équipe nationale qui se respecte, des joueurs sélectionnés sans qu’on comprenne trop pourquoi, les Vincent Candela de la variété.
Dans le cas de cette bande à Renaud 2, ce sont les «comédiens-chanteurs » qui créent la surprise. L’enchaînement « Morgane de toi » par Vincent Lindon et « Marche à l’ombre » par Emmanuelle Seigner peut-être fatal aux oreilles non-averties. Dans le premier cas, Lindon se la joue poète de comptoir façon Richard Bohringer ou Philippe Léotard, mais sans aucune âme ni finesse. Accoudé au bar, Vincent se fait un karaoké au PMU du coin.
Vient ensuite le mystère Emmanuelle Seigner. La comédienne s’obstine à poursuivre sa carrière de chanteuse sans savoir chanter juste ni en place. Et ce ne sont pas les retouches de studio et une tonne de reverb qui changeront quelque chose. Sur un album, impossible de se raccrocher à une paire de bottes sexy ou une jupe ultra-courte, le mal est fait.
Pourtant les choses avaient bien commencé. Bernard Lavilliers attaque avec classe « Morts les enfants ». La voix est un peu pâteuse et voilée, mais le jamaico-stéphanois s’approprie le titre de belle manière, entre cuivres ensoleillés et rythmique chaloupée.
Les cadors de la chanson française assurent le spectacle. Benjamin Biolay interprète « Miss Maggie » dans son style inimitable : une version antipathique et prétentieuse qui s’avère être une totale réussite artistique comme seul sait le faire Biolay. De son côté, Arthur H hérite de « Mon HLM », le genre de chanson avec 3 accords et 78 couplets difficile à s’approprier. L’auteur de l’excellent « Soleil Dedans » relève le challenge haut-la-main. Dans cette même catégorie « voix houblonnée », Arno livre une version bien grasse et velue de « Ma gonzesse », très éloignée des jolies arpèges originaux tout en respectant le fameux second degré de Renaud.
Dans des arrangements plus classiques, Olivia Ruiz sur « Adieu Minette » et Calogero avec « Son bleu » s’en sortent bien. La version de « It is not because you are » de la franco-anglaise Emily Loizeau reste un brin conventionnelle, mais prête à sourire avec son british accent forcé.
Un bon point également pour la jeune Louane . Un peu trop scolaire et appliquée, la chanteuse issue de « The Voice » délivre néanmoins une interprétation à la fois innocente et touchante de « La mère à Titi ». Une fraicheur pas désagréable dans ce monde de brutes.
Un hommage à Renaud sans passer par la case Renan Luce est inévitable, malheureusement, et malgré un peu de saturation sur la voix, impossible de croire une seule seconde à « Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ». Là où Renaud crachait son mépris, le gentil Renan nous chantonne une comptine vaguement rock. Renan Luce est un gars bien, on ne peut rien y faire.
Enfin, évoquons tout de même le cas « Manhattan-Kaboul ». Renaud/Axelle Red deviennent Thomas Dutronc/Nikki Yanofsky et le duo s’échoue dans une version mollassonne où ni l’un ni l’autre ne semble comprendre ce qu’il fait là. Dans une variété insipide très éloignée de leurs styles habituelles, les compères semblent s’ennuyer et nous avec…
Passés quelques hors-pistes, cette « Bande à Renaud Volume 2 » assure le job. Entre reprises très conventionnelles et variations plus osées, les fans de Renaud y trouveront sans aucun doute leur compte. Un casting bien fourni qui met en valeur le riche répertoire d’un Renaud aux abonnés absents depuis maintenant 8 ans. Ces hommages à répétition le feront-ils revenir? Pas sûr. Parions sur 5 volumes de reprises pour un vrai volume de Renaud. Comme le pastis.
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com
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