/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 04-12-16

Johnny Mafia – « Michel-Michel Michel »

Déroulant un rock sans fioritures, Johnny Mafia résonne comme une renaissance d’un grunge oublié ou d’un punk en désuétude. Se lançant sans filet dans l’exercice d’un rock brut sans être frontal, les Français réussissent un véritable coup de maître larguant ça et là quelques tubes en puissance et une bonne cure de jeunesse.

Il y a comme un goût acide à l’écoute des premières notes de ce premier album. Dans un punk rock rappelant le bon temps rock des années 80, Johnny Mafia nous envoie sur « Sleeping » une musique granuleuse aux guitares acérées superbement mise en lumières. On y trouve l’inventivité d’un Ty Segall dans ce qu’il a de plus punk et de fuzz. Sans toutefois renier une dose de créativité permettant de sortir le punk d’un chemin tracé à l’avance.

Proposant une musique jubilatoire et psalmodiant un rock des plus bruts, les compères réussissent une synthèse excessivement juste des différents courants post-90. Ainsi on les découvre dans un rock libéré proche du style The Libertines sur « Bad Michel » ou beaucoup plus grunge à la manière d’un Nirvana sur « Scarycrow ». Réussissant à nous emporter dans un mélange de rock sobre et de punk fuzz, les Français ne font finalement pas dans le tout venant et savent rendre subtile leur composition à grand renfort de guitares élimées.

Il y a une véritable recherche dans chacun des titres, une sorte d’approche très détaillée et d’un rock qui se veut à la fois gras et pétillant, puissant et subtil. Les membres de Johnny Mafia se plaisent à multiplier les parties tout en gardant une approche saturée, ils dessinent une sorte de pop punk aux contours tranchants qu’ils agrémentent de mélodies hyper efficaces. À l’image d’un Ty Segall au États Unis, les Français font entrer l’expérimentation dans un garage rock emportant tout sur son passage.

On retrouve dans l’approche pragmatique des Johnny Mafia cette pop punk que les anglo-saxons maîtrisent à merveille. Personnifiant un punk de leur voix éraillée « Sometimes 666 », le combo apparaît vite comme semblable à des Weezer sous acide, d’une pop dépiautée de sa fioriture allant de suite à l’essentiel. Sans être dans l’urgence, leur musique dessine une approche pragmatique d’un punk rock ressuscité.

Qu’on ne se méprenne pas, Johnny Mafia à beau avoir un nom en forme de blague beauf, leur musique s’inscrit dans un garage rock artistique et étudié. Multipliant les parties, s’amusant avec une sobriété toute relative, abusant avec joie d’effets vintages, les français jouent de suite dans la cour des grands avec ce premier album qui donne une envie folle de faire un rock agressif. Johnny Mafia mène tambour battant ce « Michel-Michel Michel » par son approche simple et efficace d’un rock bondissant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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