/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 27-09-19

Jeanne Cherhal – « L’an 40 »

Considérée comme un pilier de la nouvelle scène française, Jeanne Cherhal nous revient dans un album renversant dont elle a le secret. S’adjoignant un orchestre, elle nous ballade dans les sinuosité d’un « L’an 40 » en forme de bilan possédant une maturité folle. Transformant de nouveau son approche à la chanson française, la nantaise renverse la table une nouvelle fois en se réinventant dans un opus savoureux. 

Jeanne Cherhal - "L'an 40" : La chronique

Piano virtuose, mélodies douces, Jeanne Cherhal nous fait entrer en quelques secondes dans son univers unique et diablement addictif sur un « L’an 40 » éponyme. Propulsée grâce à une instrumentation sobre mais ô combien puissante, la nantaise dessine une pop variété excessivement accessible. On est comme happés par cette façon de raconter, cette façon de posséder une mélodie qui au fur et à mesure vous enveloppe de sa douceur. Sur la thématique du passage à la quarantaine, Jeanne Cherhal dessine une composition brute et ronde, féminine et puissante qui nous coupe le souffle par sa profondeur. De sa voix cristalline la nantaise transforme le tout en une ode entêtante et cruellement franche

Celle qui n’a eu de cesse durant sa carrière de se réinventer et de multiplier les bonnes idées dans une chanson française dépoussiérée ne déroge pas à la règle sur ce nouvel album. Abordant avec finesse le passage aux 40 ans chez la gente féminine, elle dessine sur « Fleur de Peau » un titre à la tristesse en filigrane qu’elle transforme en un puissant ode à la vie. Tout chez Jeanne Cherhal aspire à cette émotion débordante qui donne à voir une artiste pleine et entière capable d’exploser en pleine vol. Elle esquisse une partie de sa personnalité au travers d’une composition pleine et entière possédant intrinsèquement une puissance rare. Piano écrasant et solennel donnant au tout un sentiment profond de mélancolie, elle se plaît à multiplier les incursions lyriques dans une multiplications de couches cuivrées aux voix humaines enivrantes.

Sous une multiplication de parties piano complexes, elle nous propose des titres puissants et diablement addictifs qui se mélangent avec bonheur à une approche variété extrêmement pointue. Nous enjoignant de la rejoindre dans ce tourbillon de piano sur « Le feux aux joues » ou « Soixante-neuf » , elle se trouve au milieu d’un maelströms pop qui nous submerge de sa beauté et de son émotion. Car chez Jeanne Cherhal tout est émotion et chaque note, chaque accord vient compléter une approche où les sentiments apparaissent sans faux détours. S’enveloppant dans des textes puissants, elle se lance à corps perdu sur des compositions superbement mises en lumière et dessine une véritable guirlande sonore qui ne cesse de nous impressionner.

On pense à Miossec pour un album en miroir de « 1964 » . Travaillant un piano virtuose, Jeanne Cherhal réussit à mêler sa science pianistique avec une variété enlevée et audacieuse qui la voit multiplier les bonnes idées dans des instrumentations complexes et aiguisées. Avec une approche unique elle dessine des titres en forme de patchwork pop et variété qui voient se multiplier les instruments pour un rendu grandiose et entraînant. Difficile de mette en boite une artiste aussi complète autant à l’aise dans un sobre piano voix que dans une orchestrale cavalcade. Avec Jeanne Cherhal la variété française devient une sorte d’immense terrain de jeu où les instruments sont au service d’une vision mouvante et touchante.

Il y a dans la musique de la nantaise une tristesse, une mélancolie folle. Jouant de ses mélodies qui n’en finissent pas de rebondir, elle dessine des compositions aux instrumentations extrêmement travaillées qui progressivement prennent leur ampleur dans un écrin à la sobriété déconcertante. Il y chez la française cette volonté de dessiner une vision, d’approcher un univers à la tristesse dénudée qui ne cesse de nous hanter. À la fois lourde et fine la musique de Jeanne Cherhal se plait à multiplier les liés et les déliés dans un concert de bonne idées qui nous transpercent l’âme de cette force étincelante dont elle ne cesse de nous abreuver. Textes étincelants de poésie, la nantaise prend l’envergure qu’elle aurait toujours du avoir.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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