/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 06-04-15

Jacques Dutronc – « Joyeux Anniversaire M’sieur Dutronc »

Véritable légende de la variété française, artiste et acteur complet, inclassable musicalement, Jacques Dutronc soufflera ses 72 bougies le 28 avril. C’est donc un peu avance que sort un album hommage intitulé « Joyeux Anniversaire M’sieur Dutronc », enregistré suite à une émission tournée sur ses terres en Corse. On y retrouve le gratin de la variété française pour des reprises inégales qui laissent tout de même comme un goût d’inachevé.

Artiste à part dans le microcosme de la variété française, Dutronc a traversé les époques en imposant un style unique au rock très présent. C’est donc logiquement au travers de « L’opportuniste », tube achi-connu, que démarre cet album de reprises. Avec Nicola Sirkis à la barre en duo avec le grand Jacques, le titre épouse pleinement les nouveaux arrangements à l’électro très présente et prouve l’adaptabilité de ces compositions.

Qui de mieux que Julien Doré pouvait reprendre « J’aime les filles », titre emblématique la culture Dutronc entre absurdité et dénonciation fine. Le Français y apporte cette pointe d’extravagance qui sied si bien à ces compositions jouant avec nuances sur une auto dérision classieuse. Malgré une vraie présence du gagnant de la nouvelle star, on finit par ressentir un véritable manque dans cette approche un peu aseptisée.

Ce malaise semble plus ou moins se confirmer au travers des reprises suivantes. Linéaire sur « Le responsable », Gaëtan Roussel s’essouffle rapidement et ne réussit pas à nous transmettre ce groove indéfinissable propre au grand Jacques. De la même façon Francis Cabrel, qui signe une des reprises les plus rock, ne réussit pas à donner beaucoup de souffle à « On nous cache tout, on nous dit rien » qui semble vite pris dans le carcan pop rock du chanteur.

Ce que l’on ressent rapidement à l’écoute de cet album, c’est ce manque cruel de créativité dans les reprises. Malgré une superbe voix, Zaz n’apporte pas beaucoup de fraîcheur à un « Il est 5 heures » qui finit en stéréotype de la gouaille parisienne. Même constat chez Miossec qui semble se perdre sur un « Le temps de l’amour » fade et sans saveur. À l’inverse, Joey Starr en fait des tonnes sur « L’idole » et finit par nous user.

Heureusement, certains artistes réussissent à sortir leur épingle du jeu. Mêlant avec beaucoup de finesse et de légèreté des constructions mélodiques travaillées, Thomas Dutronc semble le plus à l’aise dans une reprise très personnelle et réussie de « Toute Berzingue » le rendant moderne et coloré. De la même façon, les Brigitte nous impressionnent de leur justesse musicale sur un « Opium » addictif.

Monument et la variété française, Jacques Dutronc réunit autour de sa personne une foule d’artistes aux univers très différents venant lui rendre hommage. Malgré une véritable générosité, l’album apparaît inégal et semble faire apparaître les limites de l’exercice. Cet album aura seulement réussit à nous confirmer que les versions originales restent encore les meilleures.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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