Originaires d’Angers, le duo Grise Cornac est avant tout une aventure humaine diablement envoûtante dans laquelle Aurélie Breton et Quentin Chevrier ne forment qu’une seule entité naviguant entre chanson française, rock et pop à leur manière. Car les français ne s’inscrivent dans aucun courant mais préfère créer leur univers à leur image diversifiée et foisonnante. Tout à la fois mélancolique, joyeux ou violent, le duo réussit à s’imposer grâce à une présence vocale charismatique et une instrumentation superbement audacieuse.

Sur un « Tout Baigne » en forme de renouveau de la chanson française, le duo nous entraîne dans une pop ludique à la l’instrumentation enchanteresse. Dessinant une théâtralité proche d’un Rita Mitsouko, Aurélie Breton esquisse une musique à la pop fraîche possédant une âme diablement entraînante. Sans en faire des tonnes, le duo serpente dans une mélodie tournante auréolée d’une instrumentation cuivrée et riche. On se laisse prendre au jeu de cette musique française sorte d’éponge culturelle synthétisant une vision world d’une pop accrocheuse. 

Avec Quentin Chevrier à la réalisation et à la composition, Grise Cornac réussit à se frayer une place de choix dans une variété française. Avec un sens de la composition et de la mise en musique, Aurélie Breton joue de sa folie vocale pour mieux remplir une chanson française à la pop fantasque. On aime de suite cette façon de ne pas rentrer dans la norme tout en proposant une approche unique loin des canons du genre. Avec « Le soleil en a mis partout », le duo se plait à transformer une pop en une chanson protéiforme capable de faire le grand écart entre acoustique et électronique dans un concert de claviers fuzzy et de guitares saturées qui fonctionnent à merveille.

Aussi à l’aise dans l’expérimentation pop que dans l’électro, Grise Cornac nous entraine de surprises en surprises. Chaque accord est l’occasion pour le duo de remettre en cause un style trop cadré. Avec un talent hors norme, les français dessinent une musique jouant aussi bien de leur capacité théâtrale que mélodique. Travaillant une mise en scène musicale unique, le duo multiplie les bonnes idées pour un rendu entre théâtre et chanson française à l’image du très bon « Je pars » ou « Musique Zinzin » rappelant avec vigueur ces artistes complets vivant pleinement leurs chansons. Avec emphase, Aurélie Breton réussit à transformer l’essai avec un sens de la réalité pop impressionnant. On se laisse guider par cette voix, par cette présence que le duo réussit à mettre en place sans jamais tomber dans une approche standardisée. 

Loin des compositeurs mono tâches, Grise Cornac nous impressionne de la qualité et de la diversité de ses compositions. Capable de travailler avec simplicité une musique acoustique tout en l’emmenant vers une electro parcimonieuse, le duo instille avec rigueur une verve créatrice qui ne semble pas avoir de fond. De leur voix contrastées, Quentin et Aurélie dessinent une sorte d’OVNI folk pop trouvant ses influences aussi bien dans la chanson française que dans la musique des Balkans ou la folk Anglo saxonne. Le duo écrit avec sa plume le futur d’une chanson française à l’inspiration mondiale et ouverte. Il y a un côté hors norme dans cette musique qui ne cesse de nous interpeller par son atypisme et sa façon d’aller droit au but dans un cadre frais et addictif.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com