Après seulement deux albums, Giedré sort son « Premier best of », ou plutôt une occasion de rediffuser auprès d’un public plus large des chansons sorties à l’origine de manière assez confidentielle.

Pour bien cerner le personnage, car Giedré en est un, il convient de revenir sur les débuts de carrière de la jeune chanteuse. D’origine lituanienne puis ayant suivi sa scolarité en France, Giedré s’est retrouvée un peu par hasard en ouverture du spectacle de Raphaël Mezrahi pour interpréter 2 titres. C’est ensuite Laurent Baffie qui la fera venir régulièrement, elle et sa guitare, dans son émission sur Europe 1. Elle y interprète des comptines trashs évoquant des sujets difficiles, mais avec beaucoup d’humour et un second degré évident.

Ce sont ces chansons que l’on retrouve sur ce « best of ». Passons sur la production « home-studio » et l’impression d’entendre des maquettes… Giedré s’auto-produit, et met plus en avant ses textes que l’aspect musical. En effet, on est ici face à des chansons tournant sur quatre accords et aux mélodies enfantines simples. Musicalement parlant, on est quand même très loin de Georges Brassens, à qui Giedré est régulièrement comparée, mais certaines mélodies restent en tête, et c’est l’essentiel.

Ce sont donc bien évidemment les textes qu’il faut retenir chez Giedré : ce n’est ni du Léo Ferré, ni du Lionel Florence. C’est du Giedré tout simplement. Des textes souvent un peu trashs, parfois crus, qui parlent de thèmes pas évidents avec beaucoup d’humour, sous des apparences de chansons pour enfants. On ne peut s’empêcher de sourire en entendant « La petite camionnette » qui traite pourtant de prostitution, ou encore « Les petits enfants » sur la pédophilie.

On se surprend à rire sur « Pisser debout », où certains avantages typiquement masculins… Certes, c’est parfois un peu vulgaire et sans fioriture, mais ça fonctionne plutôt bien. On préfère mille fois ça à n’importe quel chanson ou sketch de l’horrible Patrick Sébastien, ex-comique d’un autre temps. Ici avec Giedré, c’est trash, mais finalement réaliste. On est pas si loin d’un Jean-Luc Le Ténia, poète manceaux des temps modernes resté injustement confidentiel. Bien sûr, écouter les douze chansons de cet album peut sembler un peu usant, les ficelles étant toujours les mêmes et la musique simpliste, mais écouter une chanson de Giedré de temps en temps ne fera de mal à personne et redonnera le sourire à coup sûr.

Comme elle le chante elle-même, Giedré est « un poète pouet pouet » tout simplement.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com