/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 05-04-17

Fishbach – « A ta merci »

Nouvelle venue dans le monde de la pop Française, Flora Fischbach nous arrive tout droit des Ardennes pour nous proposer une musique sombre et de variété qui ne cesse d’osciller entre bonnes idées et instrumentations kitsch. Animal musical s’il en est, la jeune femme de 25 ans ne nous laisse pas indifférent mais peine à convaincre.

S’il fallait faire un top des artistes inspirés par les 80’s, il est certain que Fishbach (son nom de scène) sortirait grande vainqueur. Dessinant une pop sous cellophane elle se plonge dans un univers à l’esthétisme excessivement synthétique sur un premier titre « Voie Lactée » au texte parfois macabre qui n’arrive pourtant pas à nous envelopper. On y retrouve les travers de ces années 80, une approche saccadée avec cette voix cassée parfois à la limite du supportable. Une chose est sûre la jeune française excelle dans l’art de se fondre dans ces années pop grâce à une instrumentation troublante de précision.

Pourtant l’on ressent un véritable potentiel derrière cette artiste brute et déchirée. Efficace sur « Y crois-tu » dans une composition extrêmement bien construite pour laquelle l’approche 80 fonctionne parfaitement. Fishbach renoue sans complexe avec une pop brillante et puissante rappelant pêle-mêle Catherine Lara ou les débuts de Mylene Farmer. On se plait à écouter cette composition aux couleurs flashy qui dénote dans la pop française.

De la même façon, que cela soit sur « Éternité » à l’approche Rita Mitsouko , ou « Un autre que moi » et « Feu » rappelant Jeanne Mas, la jeune ardennaise semble brillamment copier un style sans y apporter une approche personnelle. C’est à s’y méprendre, tout nous ramène à cette époque, aussi bien cette voix perdue dans la réverbération que ces basses clinquantes et ces percussions sous cellophane.

Fishbach se plait à nous présenter une musique rappelant beaucoup le côté léger d’un Vladimir Cosma sans le côté décalé « Un beau langage ». Chez Fishbach la gravité est de mise et dessert parfois cette musique un peu stéréotypée. Ce que l’on peu reprocher à la jeune française c’est de faire une musique au kitch à la mode sans auto dérision aucune. Tout transpire une esthétique calculée à grand renfort d’effets désuets.

Ce premier album apparaît un peu brouillon avec quelques titres brillants et une grande majorité de titres plus anecdotiques. La disco variété de Fishbach (« On me dit tu ») donne à l’album une tournure dansante et rythmique indéfinissable. On retrouve dans ces morceaux à la fois ce côté populaire dans la musique et un côté élitiste dans l’approche qui n’arrivent pas à se réconcilier. Chez Fishbach, l’art populaire est un tremplin pour mettre en place une musique à l’esthétique kitsch précise.

Difficile de se prononcer sur cet album qui cultive les ambiguïtés. Fishbach prouve avec talent son potentiel certain mais nous sert un album à l’esthétique kitsch et à l’approche mouvante. Cette variété 80’s possède quelques brillantes idées mais se perd le plus souvent dans une sauce un peu flashy. On est finalement vite rassasié de ces musiques portant en bandoulière un style proche de cette génération 80 jusqu’à plus soif.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production