/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 17-02-19

Catfish – « Morning Room »

Originaire du Jura, le duo Catfish traine depuis 2012 son blues écorché au travers de plusieurs albums et EP salués unanimement. Évoluant progressivement vers un electro blues, les français nous présente un nouvel EP intitulé « Morning Room » suite logique de leur dernier album « Dohyô » . Avec un sens du rythme et du riff qui ne se dément pas, les jurassiens nous entraînent dans la noirceur de leur electro blues au rock galvanisant. 

CatFish - "Morning Room' : La chronique

Brut de fonderie dès le premier titre, Catfish envoie du bois dès les premiers accords de « Mama Got the Devil Eye » . Amandine au chant et Damien aux riffs font de ce titre une approche extrêmement punchy d’un blues dérivant vers un rock grandiloquent. Lent dans leur tempo, les français nous entraînent dans une musique au rock acéré qui rapidement nous enivre de sa brutalité. On pense de suite à Dirty Work of Soul Brother ou Why Elephant dans cette façon de multiplier les riffs enragés et les mélodies entêtantes. On est rapidement immergés dans ces sonorités granuleuses qui transforment un rock en une ode à la brutalité saine et addictive.

De sa voix unique, aux accents lyriques et soul, Amandine Guinchard nous fait penser à Catherine Ringer dans ce qu’elle a de plus puissant. Avec une nuance qu’elle sait apprivoiser, à l’image du très bon « King of Monkeys » . Posant les bases d’un punk rock festif tout en gardant une approche très pop dans la construction, les français brouillent les pistes pour mieux nous surprendre de leur musique excessivement dansante. On se laisse prendre au jeu de cette composition multipliant les couches 70’s et actuelles pour un rendu entre deux âges. 

Mélangeant claviers et guitares saturées, Damien et Amandine donnent à leur compositions une énergie hors norme qui finit vite par nous emporter. On se laisse porter par cette puissance rock qu’ils ne cessent de dissiper dans des compositions superbement structurées. Avec une verve musicale rare, ils donnent à voir un groupe au punk maitrisé et au rock brutal qui nous met en joie. Sur une base électronique, les français nous transportent sur « The morning Room » dans une composition grandiose utilisant les codes de l’électro dans un écrin au rock salvateur.

Mais c’est réellement sur le dernier titre que l’ampleur de l’univers des français prend réellement tout sons sens. Ainsi, rugueux et effrayante sur « Death Army » au travers d’une introduction très cinématographique , le duo nous entraîne avec lenteur dans un univers à la noirceur synthétique et addictive. Coupant de sa voix puissante une composition aux nuances travaillées, la jeune femme transforme une pop noire en une ode inspirante qui ne cesse de se transformer au fur à mesure de l’avancée du titre. On découvre un groupe capable de faire vrombir un folk industriel dans un écrin au rock granuleux. Ils nous transportent dans une compositions aux riffs grandiloquent qui vite nous immerge dans une musicalité rare et entrainante. 

Maîtrisant un blues et un rock avec audace, le duo Catfish nous envoie en pleine face une musique à la puissance rare. Se plaisant à multiplier les bonnes idées et les bons effets pour mieux élever un rock puissant en un festival mélodique et enivrant, Amandine Guinchard et Damien Felix donnent à la brutalité une part de poésie qui se consomme forte et sans filet. Lentement, Catfish construit une musique à la finesse âpre et diablement impactante. Dans une approche hors circuit, les français font se tordre un rock empirique pour en proposer une approche sincère, violente.


Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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