Camille Bazbaz c’est avant tout un personnage. Cheveux bouclés, voix douce, le franco-libanais reste inclassable multipliant les essais réussis et les prises de risques. C’est dans un univers résolument 60’s qu’il a décidé cette fois de nous entraîner. Chaleureux et gourmand, « Love Muzik » ancre un peu plus le français dans un style qui lui est propre et dont on ne sort pas indemne.

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Dès « Bas Filés », premier titre de cet opus, on se fait aspirer par l’univers si attachant du français. Claviers vintages, cœurs gospels où Camille dépose sa voix douce et légère sur un arrangement au doux goût de revival. Musique chaleureuse, la bonne humeur de Bazbaz est communicative et nous surprend par son côté léger et joyeux à contre-courant de la morosité ambiante.

Persistant à chanter dans la langue de Molière, le français prouve, au même titre que Ben L’Oncle Soul, que groove et soul peuvent rimer dans cette langue longtemps réputée incompatible avec ce style. Coulant doucement dans nos oreilles, on se laisse bercer par ces arrangements à la fois fouillés et extrêmement simples en apparence notamment sur des titres comme « Love Burger » ou « Poubelles ».

Mais c’est résolument lorsqu’il intègre un poil de blues dans sa musique qu’il nous laisse bouche bée. À l’image de ce titre explosif qu’est « Si j’avais su », où, tout à la fois rock, soul et groovy, il nous emporte au travers d’une explosion de bonnes ondes dans un pur son 60’s. Guitares saturées, riffs à tomber, chœurs entêtants, claviers omniprésents, pas de doute l’énergie de Bazbaz est contagieuse. On est vite emporté par le cocon chaud et accueillant que tisse la musique du français. Ne se prenant absolument pas au sérieux on apprécie cette volonté de faire de la musique pour s’amuser, pour divertir, sans prise de tête.

Car l’une des clés de la musique du français c’est avant tout cette capacité à rendre spontanés des titres complexes. Bazbaz navigue entre compositions précises et intuitions qui lui permettent cette liberté et cette joie communicative. Désarmantes de simplicité à l’image de ce « L’aimant », on se prend vite au jeu de ces ritournelles entêtantes.

Naviguant entre Ben L’Oncle Soul et M qui a d’ailleurs travaillé sur certaines guitares, Bazbaz nous surprend une fois de plus révélant son éclectisme musical. Univers atypique et nonchalance délicieuse, il y a ce côté ours dans son approche de la musique qui n’est pas sans rappeler le père de M, Louis. Doucement groovy, Bazbaz déroule sa pop tranquille nous envoûtant de sa vision chaleureuse d’une musique aux styles mélangés. Intemporel « Love Musik » est une ode à l’amour aussi bien humaine que musicale, nous entraînant doucement dans l’univers sucré sans être acidulé du français ensoleillant par la même occasion ce mois de décembre.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com