/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 28-10-25

Andrea Laszlo De Simone – « Una Lunghissima Ombra »

Chez Andrea Laszlo De Simone, l’art de la composition naît du quotidien. L’intégralité de son œuvre est alimentée par des enregistrements bruts capturés sur dictaphone, transformant chaque moment de vie en matière musicale. Ce nouvel album s’ouvre sur une illustration sonore éblouissante, « Il Buio« , qui nous plonge tête baissée dans son univers avec une mise en scène impressionnante et cette capacité unique à donner le frisson en quelques sons. Dès les premières notes, on est saisi par une œuvre dont la cohérence est excessive, où les illustrations sonores font le lien entre les pistes. Dans cet ensemble excessivement cohérent, la musique ne semble jamais s’arrêter, s’écoulant avec une douceur et une liberté inouïes, respirant une Italie fantasmée.

L’album révèle rapidement un background sombre, caractérisé par des sonorités graves et une musique épaisse, comme en témoigne « Ricordo Tattile« . L’intermède « Néon« , rude et diamétralement opposé, vient d’ailleurs souligner cette face plus brute et diamétralement opposée du musicien turinois, teintant l’ensemble d’une pop mélancolique et classique. Cependant, c’est dans des titres fleuves comme « Ricordo Tattile » et « Quando » (de près de 6 et 8 minutes) que Laszlo De Simone déploie toute sa puissance. Il tient la dragée haute, nous transportant dans un flot onirique et addictif. Le sens de la mélodie frise le génie, et l’orchestration est fleurie, s’épanouissant dans une pop riche et belle à tomber.

L’italien excelle dans l’art de marier le classique et la pop, s’amusant même à mélanger ces influences à de l’électro ronde dans des morceaux comme « Planando sui raggi del sole« . Cette audace se retrouve dans un univers qui dessine la pop d’une nation. Mieux qu’une simple publicité pour les vacances, sa musique raconte l’Italie dans ses failles, sa beauté et ses contradictions. Tout cohabite : la langue, la culture, l’emphase, le design, pour un rendu qui nous transperce l’âme. Il y a chez l’artiste une force indescriptible qui n’en finit pas de nous faire frissonner, transmettant cette puissance pop et cette douceur qui semble avoir toujours été là.

Au milieu de cette richesse sonore, l’album nous ramène à une pop vivante, voire festive, aux accents très 60’s. Des titres comme « La Notte » rappellent les feux d’artifice et un jeu distingué dans une innocence de façade, tout en condensant la tristesse du passé et la joie des bons moments dans une composition fruitée et délicieusement pétillante. Cette mélancolie folle se double d’un romantisme italien audacieux et malicieux. L’enfance (« Per te« ) sert d’ancre à cette douceur sans faille, érigée en forteresse, où l’italien utilise des claviers aux rondeurs saturées pour composer des volutes simples et addictives.

Tout au long de l’œuvre, la voix d’Andrea Laszlo De Simone joue un rôle central. Avec un timbre doux et reconnaissable entre tous, parfois légèrement saturé (« Colpevole« ), sa voix posée réussit à supplanter une instrumentation qui n’en finit plus de tournoyer. Aspirée par cette musique aux airs classiques, elle nous fait frissonner, transportant l’auditeur entre joie et tristesse (« Un momento migliore« ). Cet ensemble, d’une complexité touchante et d’une beauté calme (« Spiragli« ), se clôture sur des pièces beaucoup plus électro-pop (« Quello che ero una volta« ) qui, par leur douceur et leur force, forcent le respect et nous laissent hantés par la puissance douce et malicieuse de l’artiste.

https://open.spotify.com/intl-fr/album/52jbKu3RrMapCDLWlHY97M?si=pqdeB-gBT5ah_T5OeIXG5A

Nos coups de coeur : RICARDO TATTILE, LA NOTTE, COLPEVOLE, PER TE

Note : 9.9/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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