/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 12-10-17

Anaïs – « Divergente »

Voilà 3 ans déjà qu’Anaïs n’avait plus fait parler d’elle. Celle qui dynamita le rock français avec son premier album nous revient une fois de plus à l’aise dans ses baskets pour un nouvel album sous le signe d’un rock 60’s voire 70’s assumé. Mélangeant titres en français et d’autres en anglais, Anaïs joue l’insolente dans une suite de titres naviguant entre jazz rock et variété pop.

Anaïs - « Divergente » : La chroniqueC’est par un rock ludique très 70’s qu’Anaïs nous accueille avec sa verve habituelle sur un « Schyzophrenia » tortueux. S’amusant à en faire des tonnes sur une musique très rock à papa, elle chante en anglais dans le texte dans une composition multipliant les clichés avec bienveillance. Jouant de sa tessiture vocale impressionnante, elle apporte à ce rock un peu usé sa folie saine et fantasque dans un mélange élaboré de voix mêlées.

Il y a du Camille qui ne se prend pas au sérieux chez Anaïs notamment sur un titre comme « Dis-moi ». Dans une forme vocale folle et diablement addictive, elle construit un album riche et fécond d’effets qu’elle se plaît à parsemer de sa voix délicate et rude. Construisant ses compositions sur une base rythmique toujours très rock, elle dessine de ses effets vocaux un univers atypique entre variété française et rap. Mélangeant anglais et français dans la plupart de ses titres, elle réussit à faire éclater son univers dans un mélange improbable et complètement addictif qui nous fait un bien fou.

Capable de véritables tubes à l’image de « J’ai retrouvé mon mojo », Anaïs joue à fond son rôle de femme faussement fatale. Rappelant dès le début le « J’aime regarder les filles » de Patrick Coutin, nous plongeant dans une composition au lancinant ludique, au sex-appeal langoureux et vite rattrapé par l’humour de la demoiselle. Dans une ambiance très 70’s elle dessine une musique simple et entraînante qu’elle pimente d’une vraie-fausse coquinerie jouant de son maintenant connu sens de l’auto-dérision. S’amusant à biper certaines phrases ou à décrocher de l’ambiance coquine par des commentaires hors contexte, Anaïs fait de l’Anaïs et le fait plutôt bien, aidée en cela de Nicole Ferri et Helena Noguerra dans un clip à la drôlerie irrésistible.

Mélangeant folk et rock sur une fin d’album un peu molle, la française tombe dans une musique au romantisme factice qu’elle évacue d’une pirouette pour nous ouvrir les yeux parfois sur une vérité plus brute. Chez Anaïs le romantisme cache souvent une vérité plus trash et fini rapidement en vérité crue et en déception réelle.

Anaïs cherche encore sa voie dans ce nouvel album qui pourtant la voit revenir avec une approche plus en phase avec ses débuts. Mélangeant humour et chanson dans un tout à la pop inventive, elle dessine un ovni pop home made plein de ce charme si délicat qu’elle effeuille avec beaucoup de sensibilité. Naviguant entre langue française et anglaise, Anaïs ne cesse de transformer un pop ronronnante en une approche musicale unique mélange de bons mots et de swing proche d’un jazz classique.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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