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Date d'ajout : 11-10-25

Bruit ≤ – « The Age of Ephemerality »: Notre Avis

Ah, Bruit ≤ ! Ce nom, déjà, est une invitation à l’expérience, et leur nouvel opus, « The Age of Ephemerality », ne déçoit pas. Les Toulousains, avec leur deuxième album, ne se contentent pas de jouer de la musique ; ils bâtissent des cathédrales sonores, où l’éphémère se mue en intemporalité. Oubliez vos repères, car les toulousains sont là pour bousculer les conventions et vous emporter dans les limbes d’un rock instrumental d’une rare intensité. Dès les premières notes d' »Ephemeral », le ton est donné : on est face à des envolées lyriques déchirées par un rock explosif et expérimental, une véritable foudre qui ne cesse de tomber.

Ce qui frappe d’emblée dans la musique des français, c’est cette liberté totale qui se consume dans un rock libérateur, où les codes n’en finissent plus de se renouveler. Loin d’un canevas sans queue ni tête, leurs compositions sont de véritables œuvres d’art contemporaines, une synthèse sonore d’une époque qui mêle rock noise, expérimentation et électro vintage. « Data« , avec sa durée fleuve de plus de huit minutes, en est un exemple criant. Dans un déchaînement de sonorités rappelant l’approche décomplexée d’un Black Country, New Road, Bruit ≤ cultive un engouement pour le rock noise, nous enveloppant de son aura dans une ritournelle voilée. C’est une tempête sonore d’une force destructrice et addictive folle, où chaque élément est pensé pour nous « exploser les mollets ».

Mais ne vous y trompez pas, le groupe n’est pas qu’une question de puissance brute. Difficile de classer Bruit ≤, tant ce qu’ils proposent vient percuter les standards. Sur des titres comme « Progress / Regress« , la musique se fait plus introspective, empreinte d’un folk détuné et enveloppante, appuyée par le vibrato poignant d’un violoncelle. Elle devient grave et puissante sans jamais élever la voix, touchant du doigt une force simple et mélodramatique qui nous touche droit au cœur. On y perçoit des échos de Yann Tiersen, du côté plus contemplatif de Low, voire des nappes enveloppantes de Pink Floyd. C’est une ode sans voix, mais aux sonorités qui nous happent, construisant une vision musicale atypique et d’une rare profondeur.

Le contraste est une arme redoutable chez Bruit ≤. Telle une falaise abrupte, la musique se plaît à basculer du tout au tout en plein milieu de composition. L’effet recherché est une sidération pure, qui nous pousse à guetter chaque rupture, toutes plus addictives les unes que les autres. Dans « Technoslavery / Vandalisme« , le groupe monte progressivement en gamme, mêlant rock lent, cordes orchestrales et un fond électro incroyablement puissant. C’est un magma sonore qui vire progressivement à l’expérimentation, donnant la chair de poule sur une composition qui n’en finit pas de se déconstruire. Seule la note électro semble être un phare dans cette nuit dévorante qu’est cette musique à la brutalité addictive et à la couleur noire intense.

L’album culmine avec « The Intoxication of Power« , un titre fleuve de plus de 13 minutes, où Bruit ≤ trace son sillon avec confiance, loin des canons du genre. Cultivant une approche très Pink Floyd, ils transgressent les normes avec plaisir, nous immergeant dans une vibration très vivante où les cordes répondent aux boucles rythmiques. C’est une véritable pop conceptuelle au rock pesant, où chaque mélodie se transforme en hymne. L’air devient saturé d’une mélodie qui donne la chair de poule, et une atmosphère épique et diablement addictive se met en place. Cet album visionnaire construit ses compositions comme un livre ouvert, cassant tous les codes du rock et de l’électro. On ne sort pas indemne de cette musique qui nous pousse dans nos retranchements et nous plaque au sol de sa beauté et de sa puissance.

 

https://bruitofficial.bandcamp.com/album/the-age-of-ephemerality-2

Nos coups de coeur : DATA, PROGRESS/REGRESS

Note : 9.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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