Artiste complet aux multiples influences, Matthew E. White réalise un sans faute depuis son premier EP en 2012. Le colosse à la voix cotonneuse, nous revient donc au travers d’un nouvel album intitulé « Fresh Blood ». Affirmant un peu plus ses inspirations entre jazz et soul, l’Américain apparaît une nouvelle fois impressionnant de justesse dans un album à donner le tournis.

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Dès les premières notes de « Take Care My Baby », la voix douce et groovy de Matthew E. White nous embarque dans cette musique feutrée et au swing indéniable. Gommant un peu plus la frontière entre jazz, pop et soul, il nous sert un titre nous réconciliant avec cette variété américaine de très bonne qualité. Maîtrisant à la perfection une structure délicate, il nous impressionne de son aisance.

Basant la plupart de ses compositions sur un piano extrêmement rythmique, Matthew E. White nous fait danser sur une musique de qualité. L’Américain semble construire des compositions qui deviendront des classiques à l’image du lumineux « Rock & Roll is Cold » ou du superbe « Circle ‘Round the Sun ». Là où Matthew apparaît au dessus du lot, c’est dans son approche musicale. Loin de se borner à nous proposer une soul swinguée, il n’hésite pas à prendre des risques pour notre plus grand plaisir. Ainsi, beaucoup plus posé sur « Fruit Trees », il allie avec audace une variété cuivrée et pop nue. On se laisse porter par cette voix à la douceur hypnotique et caressante.

Capable de titres plus fragiles et proches d’une folk déstructurée comme seul Eels sait les réaliser, Matthew E. White nous entraîne sur des morceaux aux émotions non feinte. Liant cette fragilité criante à une inventivité sans borne, il nous propose sur « Holy Moly » une montée progressive très rock rappelant beaucoup le génie Bowie. Maîtrisant à la perfection les structures délicates, il impressionne de son assurance calme. Chez l’Américain tout n’est que douceur et nuances au travers de composition soignées et entraînantes.

Enveloppante, la musique de Matthew E. White n’est à aucun moment froide ou distante. Au contraire elle réchauffe par ses rythmiques extraordinaires et son sens inné de la mélodie. Le piano, base de toutes ces compositions, enveloppe cette voix à la douceur irréelle. Avec une grâce infinie, Matthew E. White concentre en un album ce que bon nombre d’artistes ne rêve même pas de produire en une carrière. Bref, ce « Fresh Blood » fera date!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com