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Date d'ajout : 25-08-21

Villagers –  « Fever Dreams » : La Chronique

Originaire d’Irlande Villagers est un groupe à part qui au fil de sa discographie à prouver sa capacité d’adaptation et son potentiel musical. Proposant en cette fin d’été un 5ème album intitulé « Fever Dreams », les irlandais nous immergent dans les profondeurs d’une musique à la frontière de la pop, du folk et de l’électro qui nous met en joie. A l’image de cette pochette soignée, la musique de Villagers puise dans la poésie pour nous proposer un voyage qui nous transforme. Extrêmement émouvant, ce 5ème album apparait comme une perle rare qui à coup sûr fera date. 

C’est par une introduction sous LSD que Conor O’Brien ouvre le bal de ce nouvel opus. « Something Bigger » possède tout les atouts qui font de la musique des irlandais un moment unique aux sonorités enveloppantes. Entre folk et psychédélisme, le titre nous fait basculer dans le monde magique et addictif de Villagers. On a cette impression d’un groupe ayant digéré plusieurs albums d’Animal Collective. En effet sur « The First Day » , les ondulations musicales viennent nous faire tourner la tête pour se maintenir dans une sorte de pop folk mélodieuse. Dans une construction impressionnante de maîtrise, les irlandais nous proposent un titre excessif aux rondeurs granuleuses. Travaillant chaque sonorité, le résultat est impressionnant de personnalité et donne au tout une profondeur exquise qui n’en finit pas de nous entrainer dans une sorte de pop folk low-fi. 

Foisonnante sur une grande partie des titres de cet album, la pop folk des irlandais nous éblouit de sa richesse harmonique. Se basant sur un background au folk qualitatif, Villagers pousse le concept plus loin en transformant ses compositions grâce à une instrumentation extrêmement précise et d’une richesse folle. On se laisse embarquer sur un titre comme « Song in Seven » dans ce concerto où les cordes croisent les cuivres. Transformant un folk cristallin en une pop acérée, les irlandais ne font pas dans la demi mesure et se plaisent à pousser leurs expérimentations le plus loin possible. Le résultat impressionne par son stylisme et ses mélodies.

Tout transpire la post production et un travail d’orfèvre rappelant les Beatles. Les irlandais font se rencontrer un folk classique et une musique au psychédélisme fort. Sur une base folk assez classique, ils transforment progressivement leur matière sonore en une pop dense et foisonnante dont on tombe immédiatement amoureux. Arrosant sans arrêt un terreau fertile, la musique des irlandais se déploie sans tuteur à une vitesse phénoménale et vient nous caresser de ses bonnes ondes. Il y a dans cette musique une forme de bonheur en tube, dans lequel les sonorité s’ajoutent pour mieux rendre compte d’une harmonie parfaite toujours sur le fil.

Dans des titres au long court, Villagers nous rappelle un groupe comme « Black Country, New Road » dans cette façon de mélanger les genres, d’exploser les formats et de déconstruire à tour de bras une musique folk. Ne respectant pas le format classique pop, les irlandais se plaisent à baliser leurs compositions de trouvailles toutes plus audacieuses les unes que les autres qui donnent au tout une patte reconnaissable entre toutes. La recherche musicale est partout. Le folk qui constitue la base de chacune de leurs compositions se transforme à chaque mesure pour nous inonder d’une sorte de puissance sourde qui n’en finit pas de nous toucher. On y retrouve  cette capacité folle à tout transformer en un tour de main pour un rendu entre pop , folk et psychédélisme rappelant brièvement MGMT sur le magnifique « Fever Dreams ». Cultivant un art consommé de la construction atypique, les irlandais brodent autour d’une folk précise une instrumentation à la pop enlevée qui nous impressionne de son dynamisme.

Tout n’est qu’audace et expérimentation. Partant d’un background au folk chaleureux ou à la pop jazz, Villagers cultive un art de la transformation qui nous subjugue de sa précision et de sa puissance. Puisant dans une théâtralité instrumentale, ils construisent une musique à la richesse détaillée et profondément imprégnée aussi bien d’électro que d’improvisation. Les irlandais construisent une sorte de musique gracieuse aux envolées lyrique synthétisant en quelques minutes le meilleur de la musique actuelle. Rien n’est figé, tout se transforme. Cultivant une sorte de puissance pop sous de faux airs de folk bien tranquille, Villagers surprend et nous scotche de ce mélange d’authenticité et d’expérimentation. 

Note : 8,5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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