Contraction de « Teens » et « in-Between », les Tweens sont, en langage marketing, des jeunes filles de 10/12 ans coincée entre enfance et adolescence. Ce n’est donc pas un hasard si le trio mené par Bridget Battle à décidé de prendre ce nom pour son groupe mêlant habilement punk anglais et pop californienne.

Guitares ultra-saturées, rythmiques appuyées et rapidité d’exécution, pas de doute le punk est bien présent dans les compositions du trio. Mais là où d’autres groupes ne font que reproduire une vision un peu classique, Tweens y apporte une folie bienfaitrice ainsi qu’une construction musicale des plus étudiée.

À l’image de « Bored in the City », les américains font cohabiter énergie punk et constructions pop. En référence à cette population marketing (trop grandes pour les jouets et trop petites pour les garçons), le trio apporte une fraîcheur en mélangeant nombre d’influences tout en gardant une liberté de ton. Le rendu est une sorte d’ovni musical très sympathique cumulant les harmonies de la pop, l’énergie du punk et la fougue du rock.

Un titre comme « McMiken » en référence au quartier « rouge » de Cincinnati, résume assez bien les fondements de ce groupe. Le rythme est haletant, la mélodie enlevée et travaillée et la fougue présente dans la voix pré adolescente de Bridget Battle, sorte de petite peste punk qui apporte une énergie impressionnante au tout. Mais on retrouve aussi du grunge-pop sur le très bon « Be Mean », car à l’image d’enfants insatiables, les américains piochent dans toutes les influences pour en extraire une musique aux milles facettes.

Il y a dans ces compositions une sorte d’anti conformisme qui fait plaisir à entendre. C’est ainsi que « Rattle-Rollin’ » nous fait rajeunir au travers d’un morceau débordant de spontanéité, presque pure. Car oui, il y a une forme de pureté dans cette démarche finalement très « lâcher prise » mais ô combien rafraîchissante. Le trio se déchaîne et nous propose sa vision d’une musique qu’ils réinventent à chaque titre.

Tweens suit sa propre voie sans chercher à être homogène ou dans les clous. Lourds et lents sur « Stoner » ou beaucoup plus pop-rock sur le très réussit « Don’T Wait up », les américains séduisent par leur éclectisme et leur ignorance des à priori.

Débordant d’une jeunesse rafraîchissante, réinventant sur chaque titre une musique des plus énergique, Tweens signe avec ce premier album éponyme une entrée remarquée dans la cour des grands. Etiquettée comme trash pop, la musique des américains porte en elle une fougue qu’ils réussissent à communiquer avec une énergie débordante. Enlevés et puissants, ils renouvellent un genre qui depuis quelques années semblait tourner un peu en rond.

Arnaud Le Tillau
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