Originaire de Versailles comme la plupart de ses illustres contemporains, Romain Turzi nous présente son nouvel album sobrement intitulé « C ». Dans une approche chirurgicale d’une électro rock en devenir, le Français nous propose 9 titres aux noms d’oiseaux et aux sonorités défiant parfois les lois de l’acoustique. Grave, profond et énergique ce nouvel opus porte en lui la marque des grands.

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Véritable esthète de l’electro depuis ses premiers albums en 2005, Turzi ouvre ce « C » au travers d’une musique planante possédant un fond d’électro délicat et raffiné. Élégant dans son approche musicale, le Français truffe le morceau d’une multitude de bonnes idées. À la frontière entre classique et électro sur « Cygne » et « Colombe », il utilise avec beaucoup d’intelligence la rythmique pour faire éclore une musique hybride sans réel équivalent.

Groovy tout en travaillant avec beaucoup de minutie des sonorités parfois rudes, il réalise des titres au ressenti extrêmement fort. Ainsi sur « Corbeau », Romain Turzi se jette dans l’arène électro avec une foule d’idées qu’il réussit à retranscrire avec brio dans une composition changeante et hypnotique. Car bien que conceptuel en terme de packaging (du nom de l’album en passant par le titre des pistes), la musique du Français reste très abordable et facile à appréhender.

Rappelant parfois le Ennio Morricone des westerns spaghetti, il utilise plusieurs styles pour alimenter son univers et créer avec une audace impressionnante des saynètes dont on ne sort pas indemne. Maniant avec beaucoup de dextérité rythmique jazz et background électro rock, il nous propose sur le magnifique « Cormoran » un titre à la profondeur musicale hors norme. Travaillé et superbement écrit, il mêle ainsi humain et machine dans un tout frissonnant. On est de suite emporté par le sens mélodique inné du Français qui nous submerge de son talent.

Entre psychédélisme électro et diatribes rock, Romain Turzi transforme peu à peu son approche musicale au fur et à mesure de l’album. Très planant et délicat sur une première partie vaporeuse, il nous emporte progressivement dans des compositions où le rock devient éminemment important. Grondant sur « Cormoran », noir et collant sur « Cardinal » puis délibérément violent sur « Coq », le Versaillais nous impressionne de son savoir faire.

Synthétisant plusieurs décennies d’électro, la musique de Romain Turzi, loin de nous écraser sous les concepts, nous propose un univers savamment orchestré et diablement énergique. Rappelant tour à tour les précurseurs de Kraftwerk à Jean-Michel Jarre en passant par Tangerine Dream mais aussi s’inspirant de l’électro de Sébastien Tellier ou de Air, Turzi se place en compositeur évoluant avec son temps et nous concocte une musique aux multiples facettes, mélange d’un genre nouveau qui nous emporte dés les premières notes. Un grand album!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com